Comme bien des femmes, mon premier accouchement n’a pas été à la hauteur de ce que j’imaginais.  J’ai crevé mes eaux à 37 semaines. À l’hôpital, on m’a dit que je n’avais pas suffisamment de contractions, contractions qu’on a donc stimulées mécaniquement, puis chimiquement. S’en sont suivies 24 heures d’essais de toutes sortes, après quoi j’étais dilatée à seulement 5 cm. Je n’ai pas poussé et on m’a transférée en salle d’opération. Je n’étais pas assez gelée (la brique finale). J’ai fini sur le gaz et je me suis réveillée 4 heures plus tard, habitée par un mélange d’échec et d’inquiétude pour ma fille qui n’était pas à mes côtés.  Je l’ai nommé à l’infirmière qui est venue me voir:

« Je n’ai pas réussi à accoucher. »

Crédit:Unsplash

Mes deux autres accouchements ont été des césariennes.  Je vous avoue que je n’ai pas vraiment considéré un AVAC, j’avais trop peur de vivre une prise 2 de l’accouchement 1. J’ai eu deux césariennes planifiées et magnifiques, j’ai même allaité sur la table d’opération.  

Je suis donc maman de trois enfants nés de 3 césariennes et depuis les 9 dernières années, j’ai été surprise par l’opinion des gens. L’idée n’est pas ici de jeter le blâme sur mon entourage, mais j’ai eu droit à mon lot de commentaires... 

« T’es chanceuse, ça doit être vraiment plus facile et pratique. »

« T’as épargné ton vagin. »

« C’est moins bon pour ton bébé, tu n’as même pas essayé un AVAC? (yeux méchants). »

« C’est psychologique, en maison de naissance, t’aurais réussi. »

Et le pire ... « Ce n’est pas vraiment un “VRAI” accouchement, si t’as pas poussé. »

La vérité, c'est que je suis assez sereine avec mes choix.  Croyez-moi, avec 3 enfants je me sens pleinement maman, que j'aie poussé ou non.  Cela dit, quand je reçois des commentaires du genre, je me sens comme celle qui a raté son initiation, celle qui essaie bien fort, mais qui ne fera jamais vraiment partie de la gang, “POUR VRAI”.

 

Crédit:Unsplash

Je me souviens de mon deuxième accouchement, à l’époque j’étais marraine d’allaitement.  J’étais bien bien mordue et vendue.  Cela dit, après avoir essuyé mon lot de commentaires sur les bienfaits d’un AVAC pour mon bébé et m’être, bien honnêtement, sentie jugée. Je me souviens m’être dit: « Wow! J’espère que je n’ai jamais fait sentir une maman, qui choisit de laisser tomber l’allaitement, comme ça. » 

Est-ce qu’on peut se laisser tranquille, deux secondes?

L’idée de ce partage n’est pas de m’attirer de la sympathie, je suis en paix avec mes décisions.  J’aimerais seulement, par contre, qu’on arrête de hiérarchiser la maternité et qu’on réfléchisse à nos commentaires et surtout à la portée qu’ils peuvent avoir sur une nouvelle maman.  Soyons bienveillant.e.s, peu importe les choix, peu importe le vécu.  Quelque part, on est tout.e.s convaincu.e.s de certaines choses et on se sent tout.e.s bien coupables de d’autres...  Ce ne sont simplement pas les mêmes.