Je suis une personne plutôt angoissée d’emblée. Je crois que devenir parent, à la base, est un créateur d’inquiétudes. Mes plus grands moments d’angoisse ont pris forme en même temps que le deuxième embryon dans mon ventre. Lorsque j’ai ressenti les premiers symptômes de la grossesse, que la réalité du petit bâton à 2 lignes m’ait frappée pour la seconde fois, c’est là que je me suis dit: « Ah non, mais qu’est-ce qu’on vient de faire là! »
La machine à angoisse venait de décoller à plein régime. Je boucanais de questions sans réponses. Je revoyais mon frère, papa avant moi, exprimer ses peurs face à la venue de son 2e enfant. Ça résonnait comme une crainte d’échouer : « on a réussi à 99% avec la première, on ne réussira pas avec le 2e ». Je me disais que c’était une crainte qui n’avait pas lieu d’être. L’arrivée d’un autre enfant ne pouvait qu’améliorer les choses. J’ai compris plus tard ce qu’il essayait de me dire…
Je désirais cet autre enfant plus que tout au monde. J’aime être enceinte et j’ai apprécié ma grossesse. Au fil du temps, lorsque je ne pouvais plus accomplir mes plaisirs quotidiens avec ma grande et que je croulais sous la fatigue et le poids de mon gros ventre, la culpabilité me reprenait. Je m’en voulais de négliger mon premier enfant pour faire grandir l’autre en moi. La fatigue accentuait mon ressentiment.
Cet enfant-là, en moi, qui occupait mon corps et prenait mon énergie, je ne l’aimais pas vraiment. Je n’ai pas regretté sa conception non, mais je ne l’aimais pas vraiment. Je n’imaginais pas ma vie avec cet enfant comme je l’ai imaginé avec ma première. Chaque soir, au couché de notre grande, on se faisait un « câlin tout le monde » elle, papa et moi. Je n’arrivais pas à concevoir quelle serait notre routine quand j’aurais bébé au sein et que je manquerais le fameux « câlin tout le monde ».
Je craignais la réaction de ma fille. J’avais peur de la « gâcher » en lui imposant une petite sœur. Aujourd’hui, je sais bien que tout ça ne faisait aucun sens, mais à l’époque, c’est ce que je ressentais. Elle a réagi, cela va de soi. Elle qui a toujours été un petit moulin à parole, a cessé de parler pendant plusieurs jours, voir des semaines. Maintenant, sa meilleure amie, c’est sa petite sœur.
À l’hôpital, j’ai pleuré. J’ai pleuré parce que ma grande me manquait. J’ai pleuré parce que je ne connaissais pas ce bébé qui venait de naître. Une infirmière m’a dit ces mots qui m’ont fait sentir beaucoup moins seule et moins honteuse : « Quand j’ai eu mon 2e fils, je me sentais exactement comme toi. Maintenant, il a 7 ans et je n’imaginerais pas ma vie sans lui. »
Est-ce qu’on aime le deuxième enfant autant que le premier? Oui, mais peut-être pas tout de suite.
Mon bébé, tu as changé ma vie, tu l’as rendue meilleure. Jamais je n’imaginerais ma vie sans toi.
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