Outre l’interdiction de rassemblements, voyager est l’activité MAJEURE qui fait défaut dans ma vie depuis mars 2020. J’ai vécu, étudié, travaillé et voyagé en Europe, en Amérique, en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient. J’ai réorienté ma carrière pour traverser les frontières plus fréquemment ! Et lorsque je suis devenu parent, les enfants ont suivi inévitablement. En fait, mes 3 filles ont eu leur premier passeport avant l’âge de 2 mois. 

Voyager avec sa tribu peut être plaisant, mais ça peut aussi constituer tout un défi. Dans mon cas, mes enfants ont le mal du transport solide – en voiture, en train, en avion, en bateau, en poussette, en chameau, name it ! Ce n’est pas mêlant, quand les filles étaient en bas âge et que nous allions voir la belle-famille à Québec, on nous accueillait avec un Tide Pod et la laveuse prête à utiliser. Rapidement, on a équipé les voitures avec des pots de crème glacée vides et on les utilisait à l’aller ET au retour. On a aussi appris à déchiffrer les signes. Attachée dans son banc comme un pilote de formule 1, lorsqu’une fillette hurle « Maman, j’ai mal à la gorge ! », ça veut dire « Maman ! Je vais vomir ! » Aujourd’hui, je suis championne du « je m’r’vire sur un dix cennes, encore attachée, un bol de Coaticook vide dans les mains pour pogner le vomi au vol. » C’est mon talent.  On a essayé tous les trucs: la chaîne attachée au pare-chocs arrière, le Gravol, le gingembre et les bracelets anti nausées. Rien, sauf le temps, n’a réussi à amoindrir le mal.

Crédit:Tom Staziker/Pixabay

J’ai une multitude de voyages pénibles en mémoire. Comme la fois où dans le premier kilomètre sur la 20, la plus jeune criait parce que sa pomme était au sol, la moyenne hurlait parce qu’on avait oublié de l’attacher pis la plus vieille avait la face dans le bol de crème glacée. Ou encore, lorsque j’ai pogné ma 2 ans qui se lavait les mains… dans une cuvette à l’aéroport. J’ai un blanc à savoir si l’eau était sale ou non. Mon cerveau a bloqué l’information. Toujours à l’aéroport, ma plus jeune a déjà fait une crise de larmes majeure lorsque « toutou » est disparu dans la machine de sécurité et une fois devant le douanier américain, elle lui a balancé la plus belle grimace qui soit. J’ai dû sortir mon plus bel anglais avec des sir et des please pour passer. J’ai déjà fait le trajet aérien Montréal-Miami en 2h55 pour ensuite faire le trajet routier Montréal-Ste-Julie dans le même temps ! Tsé la neige, la circulation, les ponts, les camions-remorques, les bols de crème glacée pleins. Trois fois ! Trois fois, nous avons dû vider les pots sur l’accotement. Cette fois-là, ma zénitude de vacances aussi est restée sur l’accotement… 

Or, le premier prix pour « voyage avec la tribu » reste ma première croisière familiale. Celle où ma plus vieille est restée couchée pendant 5 jours, verte et nauséeuse. Celle où ma moyenne s’est tapé une migraine avec une nausée « à jets ». En fait, elle a couvert les murs, les draps, le tapis, bref, la cabine entière. Mais moi, je n’y étais pas. J’étais à l’étage hospitalier avec la plus jeune, en train de faire ses traitements d’inhalothérapie. Vous saviez que les docteurs mexicains, à l’hôpital, capotent devant une infection respiratoire ? On me dit que c’est rare les grippes, les rhumes et les pneumonies dans les pays chauds.

Bref, malgré tout, je m’ennuie de voyager et j’ai hâte de partir à nouveau avec mes enfants. On enligne les Îles-de-la-Madeleine en juillet.

Mais avant, je dois aller acheter de la crème glacée chez Costco.

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