Être parent est toute une aventure ! Dès les premiers instants de vie, ce petit bout d’humain nous plonge dans un univers où l’amour féroce, l’instinct de protection, l’oubli de soi & le poids écrasant de la responsabilité se côtoient en simultané. Soigner, protéger, guider, comprendre & écouter deviennent des automatismes. Mais qu’en est-il de la frustration, de la colère & de l’épuisement mental ? Parce que soyons honnêtes, « être parent » est aussi « être humain » et des fois, l’humain perd les pédales. Solide.

Les enfants ont cette capacité à nous rendre complètement dingues sans vraiment en être conscient.e.s ou du moins, sans le vouloir expressément. L’important pour nous, les adultes, est de gérer cette perte de contrôle sans faire trop de dégâts. Je ne parle pas ici d’une simple dispute ou remontrance, mais bien d’une explosion. Frustré & en beau maudit, mon chum a déjà « garroché » avec force (et hauteur) un sac de « pierres précieuses » derrière le cabanon, dans le fin fond de la cour… Dans une folie passagère, un ami a déjà éjecté, sur l’autoroute, par la fenêtre de sa voiture en marche, le requin préféré de fiston. Il a dû rebrousser chemin pour le récupérer, mais tel fut le prix à payer pour cette colère. 

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Des fois, les réactions sont tellement loufoques que le fou rire peut apparaître. Comme la fois où ma fille chignait constamment pour avoir du ketchup et que mon chum lui a payée la traite. Au lieu de verser 15ml dans l'assiette, il a « squeezé » la bouteille jusqu’à avoir 150ml. Devant cette inondation, ma fille s’est tue, mon chum, souriant & satisfait, s’est assis et moi, j’ai étouffé un fou rire. Il faut dire qu'il perd patience aux cinq ans… C'est donc un peu surprenant comme réaction. D’autres moments, c’est l’inverse. Le parent peut devenir dangereux si la fatigue, l’exaspération et la colère sont trop puissantes.

Je me rappelle dans ma jeunesse d’un épisode particulièrement marquant. Une soirée où j’ai découvert que j’avais une véritable noirceur enfouie au fond de moi. Je suis l’aînée d’une famille de trois. Mon frère plus jeune est handicapé intellectuellement, épileptique et hyperactif. Bref, inutile de dire que de trouver une gardienne capable de nous gérer relevait du miracle. Un soir où j’étais cette gardienne, mon frère m’a fait perdre patience. Vraiment solide. J’ai vu noir. 30 ans plus tard, tout ce dont je me rappelle est que, me sachant capable de lui faire mal physiquement, mon réflexe a été de me défouler sur la porte du sous-sol. J’ai hurlé ma vie tout en claquant la porte constamment et de toutes mes forces. J’ai commencé ma rage debout pour la finir couchée au sol, en pleurs et en p’tite boule. J’étais épuisée et le cadre de porte était décollé du mur de plusieurs centimètres. J’avais perdu les pédales – un « black-out » total – mais, au moins, mon frère était indemne, dans sa chambre.

Maman depuis quelques semaines, je me rappelle aussi être sortie sur le balcon, en pantoufles, en plein mois de février, afin de respirer par le nez et de me calmer. Fatiguée et à fleur de peau, bébé me rendait à « boutte » et mon réflexe, encore, a été de m’isoler… pour ne pas blesser et regretter.  Et en janvier dernier, à mi-parcours d’une pandémie avec 3 enfants, cette noirceur longtemps endormie est réapparue. Un accrochage, somme toute bénin, avec ma moyenne et j’ai explosé. À défaut de la frapper, j’ai calmement pris un verre pour le fracasser violemment sur le plancher de la cuisine. Sans un mot, je suis monté dans ma chambre pour pleurer toutes les larmes de mon corps. Ma fille, estomaquée, a ramassé les éclats de verre et est venue s’excuser pour son harcèlement constant des derniers jours. J’ai souri, je l’ai embrassée et je me suis endormie. Il était 4pm. C’est épuisant « être parent ». C’est épuisant « être humain ». C’est épuisant aimer plus grand que soi.

Vous, vous avez déjà perdu les pédales en tant que parent ?