J’adore les enfants. Vraiment. Pas juste les miens, non. Même ceux des autres. J’aurais pu être éducatrice dans une garderie. Je pourrais même enseigner chaque jour à 25 paires d’yeux qui me regardent derrière leur pupitre. J’aurais facilement pu avoir 8 enfants. Ou même en avoir 12. En fait, j’aime la maternité et tout le bonheur qu’elle me procure. J’ai 3 enfants de six ans et moins et j’en voudrais d’autres. Enfin, je me questionnais sur le fait d’en avoir d’autres. L’autre jour, je discutais justement avec ma mère de ce grand questionnement. Je lui disais que je ne savais pas si j’allais en avoir un autre. Elle sait combien j’adore les grandes familles. Elle m’a alors dit « Tu dois te demander pourquoi tu en veux un autre ». C’est simple : j’aime les enfants. Mais encore…

Parfois le soir, je stalk les mères qui ont plus de trois enfants. Plus c’est chaotique et ça a l’air vrai, plus j’aime ça et je m’identifie à elles. Ne me parlez pas de ces instamom qui n’ont qu’un seul enfant avec leur parfait set up tout arrangé, aux photos parfaites et totalement fake. Non. Montrez-moi vos salons bordéliques remplis de jouets, votre tiroir rempli de vaisselle pour enfants IKEA et vos armoires remplies de pattes d’ours et de compotes en sachet. Ça, ça m’allume. J’aime que ma maison soit remplie de toutes ces choses. Mais, est-ce une raison pour avoir un autre enfant? Non…

Je me suis alors questionnée sur ce que j’aimais de la maternité. Les mots qui revenaient sans cesse étaient les suivants: temps de qualité. J’aime passer du temps de qualité avec mes enfants. J’aime prendre du temps avec eux. J’aime pouvoir leur lire une histoire le soir. Une histoire personnalisée, juste pour eux. J’aime être à l’écoute de leurs besoins. J’aime la patience que je leur accorde. Bref, plus je réalisais ce que j’aimais de la maternité, plus je me rendais compte que c’était difficile, voire même impossible, de conserver tout cela avec une grande famille. Avec trois enfants, je peine déjà à leur donner leur propre moment de qualité, seul et individuel. Je suis déjà un peu moins patiente, parfois. J’arrive à peine à leur lire une histoire chaque soir sans que le plus vieux me réclame, que le petit dernier régurgite et que celui du milieu s’échappe dans son lit. Et puis, j’ai réalisé que pour moi, les enfants c’est comme les chaussures.

J’adore les chaussures. À un niveau assez intense. J’en aurais de toutes les couleurs et de toutes les marques. J’en voudrais mille… mais il n’y aurait pas assez de jours pour que je puisse toutes les porter. Mon trip, ce n’est pas de les regarder dans ma garde-robe comme certains qui les collectionnent. Non. Moi, je veux porter chacune d’elles. C’est ça mon trip chaussures à moi: pouvoir les porter régulièrement, pas juste pour une occasion. Alors à quoi ça sert d’en avoir 100 paires, si je ne peux pas les porter presque chaque jour? Pour moi, la métaphore était claire: Pourquoi aurais-je 4, 5 ou 12 enfants si au final, ça réduit et élimine tout ce que j’aime de la maternité? Mon trip, c’est le temps de qualité. Oui, j’aime les enfants. J’en voudrais 12. Mais je n’arriverai plus à leur donner ce petit temps de qualité qui est si important pour moi et qui me comble en tant que mère. Je ne pourrai pas conserver cette patience que j’ai, qui est déjà plus fragile après l’arrivée du petit troisième. Je n’arriverai tout simplement pas à border chacun des 12, individuellement, comme je le voudrais. Il n’y a pas assez d’heures dans une journée. Et pas assez de jours dans une année pour 100 paires de souliers. Je préfère donc avoir mes trois paires de souliers que j’aime de tout mon cœur et que je porterai chaque jour.

Sachez que j’adore et j’admire les grosses familles. Je suis certaine que d’autres mères arrivent à donner à leurs 12 enfants tout ce dont ils ont besoin. Mais ici, au final, j’étais à la recherche de la réponse à savoir s’il y en aurait d’autres. Et c’est ce qui me plaît de la maternité qui m’a finalement guidé vers la réponse. Le simple fait d’aimer beaucoup les enfants ou les chaussures n’étaient pas des réponses en soi. Parce que j’ai appris qu’on peut aimer beaucoup quelque chose, et tout de même en avoir peu.

Et vous, qu’est-ce qui vous a fait réaliser que la famille était terminée?