Je voudrais tellement que tu sois là, maman, mais tu ne l’es plus tout à fait. Tout en y étant. Tes mots se sont envolés, tes souvenirs aussi. C’est une étrange maladie que la tienne. Pas si étrangère, parce que plusieurs sont passés par-là avant toi. Mais toi, tu as 57 ans.
Je vis un deuil blanc. Un long deuil, qui semble sans fin. Je vois partir, petit à petit, ce qui reste de toi; il n’y a presque plus que ton corps pour nous rappeler que tu as tant existé. Des éclats de lucidité, parfois. Ça me rend infiniment triste. Parce que j’ai encore tellement besoin de toi : l’enfant en moi, mais la femme et la maman aussi. Parce qu’apprendre à jouer ce rôle sans mon modèle, tout en traversant cette épreuve de ta maladie, ça me déroute complètement.
J’aimerais que tu sois là pour me dire de choisir mes combats. Parce que tout n’a pas besoin d’être toujours parfait. La Terre n’arrêtera pas de tourner si l’évier est plein (et ma tête est vide). Je voudrais t’appeler encore trois fois par jour sans que tu trouves cela exagéré. Juste pour entendre ta voix rassurante. Pour parler de tout… comme de rien. Pour tes conseils et ta douce franchise. Pour ta folie et ton amour infini pour les tiens.
J’aimerais aussi que tu puisses voir comment ta petite-fille est exceptionnelle. Pour que tu prennes part à de nombreuses séances de magasinage avec nous. Pour l’emmener voir son premier spectacle. Pour que tu constates en riant à quel point la pomme n’est pas tombée loin de l’arbre. Pour lui faire des crises de bisous et lui faire connaître les plus jolies mélodies.
Pour que tu lui racontes tes vieux souvenirs et que tu en crées d’autres avec elle. Pour la voir s’épanouir et devenir une belle petite humaine. Pour que tu voies les étoiles dans ses yeux à chaque réussite. Pour que tu l’entendes chanter les chansons que tu m’as apprises quand j’étais petite. Pour que tu la couvres de tendresse et de tartes au sucre. Et pour que tu sois fière de la maman que je deviens grâce à toi.
Même si j’ai dans mon cœur des souvenirs impérissables, tu me manques à tous les instants. Je t’aime, maman.
Vivez-vous ou avez-vous déjà vécu la maladie d’un parent? D’un proche?