Il y a environ un an de ça, mon garçon décidait de se pointer la face, ou plutôt les fesses. Deux mois avant la date prévue. Son passage de 21 jours en néonatalogie, court pour certains, mais toujours trop long pour des parents, s’est passé à merveille. Les infirmières nous avaient bien préparés. Mon garçon allait si bien que, dans ma tête, la prématurité ne rentrerait pas à la maison avec nous. Évidemment, j’étais un peu naïve.

Il m’était arrivé de pleurer durant son hospitalisation. Parfois d’inquiétude, mais surtout le soir, quand venait le temps de lui souhaiter bonne nuit. Malgré tout, je savais que ces émotions étaient normales et j’allais bien. C’est pourquoi je ne m’attendais pas à une seconde chute d’adrénaline, une fois à la maison. Après une arrivée chaotique en soirée et une pseudo-nuit de sommeil, j’ai bercé mon bébé, SEULE, pour la première fois. Et j’ai pleuré. De joie, de bonheur ultime, de soulagement, de culpabilité et un peu de frustration.

Je ne pensais pas que les premiers mois me paraîtraient si longs. Mon garçon est rentré à la maison à 35 semaines et ne pesait pas tout à fait 5 livres. Comme tous les parents de préma, il m’a fallu attendre des mois après sa naissance avant d’avoir un premier sourire, un premier contact visuel. C’était comme s’occuper d’une petite poupée qui devait manger aux trois heures, même la nuit, qui avait toujours froid et qui était plus sensible aux changements et aux microbes, surtout pendant les Fêtes! Mon entourage me disait d’en profiter parce que t’sais, ça passe si vite… Ben non, malgré toute ma joie de l’avoir, ça n’a pas passé vite.

À l’hôpital, on m’avait avertie qu’un suivi en physiothérapie est souvent nécessaire durant la première année de vie. Ce dont je ne me doutais pas, c’est qu’elle deviendrait partie prenante de notre quotidien. Elle intègre chaque temps de jeu. Elle a été la source de certains découragements, mais surtout de grandes victoires. La première fois qu’il s’est enfin tourné du dos au ventre, j’ai encore pleuré.

Je ne croyais pas que les gens voudraient connaître le pourquoi de sa prématurité. Dans notre cas, nous savions dès le début de la grossesse que nous risquions un accouchement avant terme et je me suis sentie coupable à l’occasion.  Alors, je ne peux m’imaginer comment se sent une maman qui tente elle-même de s'expliquer, en vain, la prématurité de son enfant. Reste que je ne blâme pas les gens de demander, c’est rassurant de savoir, j’imagine, mais ça devrait toujours être fait avec beaucoup de délicatesse.

Malgré tout ce que je ne savais pas, je me suis toujours accrochée à l’idée que seul un superhéros peut naître si faible et devenir si fort. Maintenant que nous avons célébré son premier anniversaire, un chapitre s’est terminé. Oui, l’histoire de sa naissance et de sa première année de vie restera toujours parsemée d’un peu de tristesse, mais maintenant, je sais que je n’y changerais rien au monde.