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B Manquant

Il y a 23 ans, Marie-Eve Gagnon est rentrée du travail et s’est aperçue que son fils de quatre mois et demi, Benjamin, n’était pas dans son état habituel. 

« Il était maussade et ne buvait pas. Je le trouvais mou », se souvient celle qui est désormais maman de neuf enfants. 

Crédit:Gracieuseté de Marie-Eve Gagnon

Immédiatement, elle s’est rendue chez le pédiatre qui a diagnostiqué à Benjamin un virus d’été et une gastro-entérite, puis recommandé à Marie-Eve de lui donner de l’acétaminophène aux quatre heures et de bien l’hydrater. Tout le monde était loin de se douter de la suite.

Dans les heures suivant cette visite à la clinique, la fièvre de Benjamin est montée en flèche. Soucieuse, Marie-Eve a suivi son instinct de maman et a couché son bébé tout près d’elle, dans son moïse. 

« À 2 h 30, la respiration saccadée de Benjamin m’a réveillée, poursuit-elle. Quand j’ai allumé, j’ai vu qu’il avait des plaques partout sur le corps. J’ai tout de suite appelé le 911 et l’ambulance est arrivée chez moi avant même que je puisse raccrocher. »

Tout s’est ensuite passé si vite que les souvenirs sont flous, mais ce dont Marie-Eve est certaine, c’est que chaque minute était comptée. Après plusieurs heures à observer l’équipe médicale s’affairer autour de son bébé, la mère a finalement reçu le verdict : méningite B. Ne sachant pas trop l’ampleur du défi auquel sa famille faisait face, elle n’avait qu’un seul souhait : garder son fils en vie. Un souhait qui fut réalisé, mais non sans séquelles.

Crédit:Gracieuseté de Marie-Eve Gagnon

Aujourd’hui jeune adulte, Benjamin continue de faire d’immenses progrès : il donne des becs, se repère dans le temps, mange seul et se promène partout dans la maison. Ses proches et lui doivent cependant vivre avec les conséquences lourdes de la méningite B au quotidien : quadra-amputation, déficience intellectuelle ou encore problèmes sanguins, rénaux et visuels. C’est d’ailleurs pourquoi Marie-Eve rêve du jour où les vaccins contre la méningite B seront inclus au calendrier de vaccination québécois. D’ici là, elle incite tous les parents à faire preuve de proactivité.

« Je ne souhaite à personne ce qui m’est arrivé, conclut Marie-Eve. Moi, je n’ai pas eu la chance d’avoir accès à des vaccins pour Benjamin, mais ils existent maintenant depuis  2014. Pour notre avenir, j’encourage tous les parents à en parler à des professionnels de la santé et envisager de faire vacciner leurs enfants. »

Ce que les parents doivent savoir sur la méningite B

Pour Cindy Caron, infirmière et conférencière en santé communautaire, le cas de Benjamin illustre la sournoiserie de la méningite B. Pour aider les parents à y voir plus clair, la spécialiste a répondu à quelques questions clés.

Crédit:Amélie Boucher

Quels sont les symptômes à surveiller?

Les premiers symptômes s’apparentent à ceux d’autres maladies infantiles banales : fièvre, maux de tête, fatigue et irritabilité. Ceux-ci ne sont pas inquiétants au départ, mais la maladie peut rapidement s’aggraver et provoquer d’autres symptômes comme des vomissements, une baisse de tension artérielle, une respiration haletante, la somnolence, la froideur des extrémités, la raideur de la nuque et l’apparition de taches violacées sur le corps.

Comment la méningite B se transmet-elle?

La méningite B est liée à une bactérie qui vit dans les muqueuses de l’être humain (chez 10 % de la population adulte et jusqu’à 24 % de la population adolescente) et se transmet par la salive, par des gestes quotidiens comme partager une cuillère ou donner un bec. Certaines personnes sont porteuses de la bactérie pour une période, sans le savoir, donc la bactérie se « partage », elle se promène d’un individu à un autre. Pour des raisons qui ne sont pas tout à fait comprises – certaines personnes tombent gravement malades lorsque la bactérie infecte leur sang ou leurs méninges. C’est une simple malchance.

De quelle façon la méningite B est-elle diagnostiquée?

À l’hôpital, par ponction lombaire.

La méningite B peut-elle être soignée?

La méningite B peut être soignée par traitement antibiotique intraveineux. Il faut toutefois savoir qu’il s’agit d’une maladie fulgurante et envahissante qui progresse rapidement. Les traitements ne fonctionnent donc pas toujours. C’est pourquoi une personne sur 10 en décède et deux personnes sur 5 en gardent de lourdes séquelles toute leur vie, malgré un traitement adéquat. On parle de problèmes neurologiques, de convulsions, de surdité, de troubles de l'apprentissage, d'amputations multiples, de vilaines cicatrices par exemple.

Qui est principalement affecté par la méningite B?

D'abord, l'âge est le premier facteur de risque. L'incidence est la plus élevée chez les nourrissons, suivis des enfants d’âge préscolaire et des adolescents en bonne santé. Pourquoi en bonne santé? Parce que les enfants à haut risque d’infection à méningocoque  – à cause d'une condition médicale, parce qu'ils n'ont pas de rate ou une déficience congénitale en anticorps par exemple – sont systématiquement vaccinés contre la méningite B au Québec. De plus, comme nous avons un assez bon programme d’immunisation, plusieurs parents d’enfants sans problème de santé pensent que leurs enfants sont automatiquement protégés, mais ce n’est pas le cas. Présentement, le calendrier régulier de vaccination offre gratuitement le vaccin contre la méningite du groupe C, alors que ce sont les souches du groupe B qui sont à l'origine de la majorité des cas de méningite au Québec.

Pourquoi les vaccins pour protéger contre la méningite B ne sont-ils pas prévus au calendrier pour tout le monde? 

Il existe différentes considérations incluant les décisions coût-politique. Les budgets étant limités, le gouvernement doit faire des choix. Peut-être qu’un jour la vaccination contre la méningite B sera incluse dans le calendrier prévu pour les enfants, mais, en attendant, il revient aux parents d’en discuter avec leurs professionnels de la santé afin de pouvoir prendre une décision mieux éclairée.

Comment puis-je aider à protéger mes enfants?

S’informer au sujet de la maladie est la première étape! Puis, tout parent a un choix de prévention à faire. 

« Les parents dont l’enfant a survécu à la méningite B disent tous la même chose : “avoir connu l’existence des vaccins, j’aurais protégé mon enfant” », conclut Cindy.

Les vaccins contre la méningite B, bien qu’ils ne soient pas gratuits, sont faciles à obtenir au Québec. Parlez-en avec un professionnel de la santé (médecin de famille ou pédiatre), un pharmacien ou une infirmière en pharmacie communautaire ou en CLSC pour en savoir plus sur la méningite B et les options de prévention.

  

asas