Ma grande fille a trois ans. Elle est timide et elle recherche souvent la présence de maman.
En gros, ma fille c’est une fille à maman! Donc, quand elle a commencé les cours de gymnastique, je n’étais pas tellement surprise qu’elle ne veuille pas participer sans moi.
Doucement, j’ai pu me retirer du cours en m’éloignant progressivement jusqu’à m’asseoir sur le banc, dans l’entrée. Ma fille ne me regardait même plus. C’est moi qui regardais.
Je voyais ma fille attendre pour faire l’activité. Les amies la dépassaient et elle ne disait rien. Elle attendait sagement et n’osait pas prendre sa place. J’ai essayé de me retenir.
Je n’ai pas pu. Je l’ai aidé à prendre sa place dans la file d’attente afin que son tour vienne.
Chère enseignante de gymnastique, je suis désolé.
J’ai bien vu votre regard me lancer des flèches: oui, je suis une maman trop présente.
Puis toi, ma chère grande fille, je suis désolé également. Le faire pour toi ne t’aide pas à le faire toi-même. C’est seule que tu devras avancer dans la vie et faire ta place. Moi, je ne suis qu’un guide qui te tiendra la main, rien de plus.
Malheureusement, j’ai encore tant à apprendre pour être un bon guide.
Un bon guide ne fera pas les choses pour toi, un bon guide te laissera expérimenter, échouer, te relever et recommencer.
J’apprends chaque jour et je te promets de m’améliorer.
Ma fille, tu as des ailes. Tu as tes propres ailes et tu n’as pas besoin des miennes. Tes ailes sont belles et tu peux les déployer. Parfois, tu tomberas. Parfois, tu auras envie d’abandonner. Parfois, tu voudras te déposer. Tout cela est entièrement légitime et tu as le droit.
Cependant, sache que tomber ne veut pas dire échouer et que prendre une pause ne signifie pas abandonner.
Ma fille, toi, tu es déjà capable de voler, je sais que tu y arriveras.
Moi, je dois apprendre à te laisser voler. Je dois apprendre à taire ma peur et à avoir confiance.
Vas-y ma chérie, vole.
Vole mon petit papillon et ne laisse personne, pas même moi, couper tes ailes.