Vous pouvez lire la première partie de ce récit ici.

L'infirmière m'a expliqué que dans son état, ma fille devait être hospitalisée aux soins intensifs pédiatriques et qu’on devait donc être transférées dans un autre hôpital. Une ambulance allait partir de Sherbrooke pour venir nous chercher. En attendant, on devait rester dans la salle de choc, sous assistance respiratoire, et monitorer son état pour ne pas qu’il rechute.

Jai appelé mon chum, à qui je n’avais pas réussi à donner des nouvelles encore. Il avait déjà appelé sa mère pour qu’elle vienne à la maison afin qu’il puisse me rejoindre à l’hôpital. Je lui ai expliqué qu’on s’en allait à Sherbrooke pour la nuit et possiblement plus longtemps, mais à cet instant, je ne réalisais pas l’ampleur de la situation encore... Je lui ai donné une petite liste de choses à m’apporter, car évidemment, je n’avais absolument rien pris avec moi quand j’étais partie de la maison.

Une fois arrivé à nos côtés, mon chum a pris le relais auprès de notre cocotte. La tension est retombée, ça m'a fait du bien qu’il soit là. L’état de la petite était stabilisé et j'ai oublié, le temps d’un instant, qu’on ne passerait pas la nuit à la maison. J’en ai profité pour enfin changer de chandail et utiliser mon tire-lait manuel pour désengorger ma poitrine endolorie. Mon chum nous a quittées après avoir passé une grosse heure avec nous; il devait retourner s’occuper des garçons à la maison et avec le train-train quotidien et le travail, il ne pouvait pas nous accompagner à Sherbrooke.

Lorsqu’il a quitté, j'ai finalement réalisé toute l’ampleur de la situation : assistance respiratoire, soins intensifs, transport en ambulance. J'étais inquiète, mais je devais garder mon calme et la tête froide : je suis restée avec ma puce en me répétant que tout irait bien.

22 janvier 2019: L’ambulance est arrivée vers 1h30 du matin et l’équipe qui accompagnait les ambulanciers a pris ma fille en charge. Une infirmière, une médecin en externat, un inhalothérapeute et les deux ambulanciers s’affairaient à la préparer au transport. Ma fille était déplacée sur une civière et j'ai constaté qu'elle était si petite sur une si grande civière; ça m'a rendu tellement triste. Pendant ce temps, l'équipe changeait les bonbonnes d’oxygène et tous les appareils.

L’infirmière qui nous a accompagnés de ce moment-là jusqu’à la fin de cette histoire a été absolument formidable! Si jamais tu lis ce récit et tu te reconnais, j’aimerais te redire merci pour ton temps, ta patience et toute l’attention dont tu as fait preuve avec ma fille et moi. Tu as été un vrai petit rayon de soleil dans nos journées! Merci encore à toi!

Avant le départ, elle a pris le temps de parler avec moi, de m’expliquer le déroulement du transfert jusqu’à Sherbrooke et de me dire que tout allait bien aller. Elle a fini par me dire qu’il n’y a pas de place pour moi dans l’ambulance et m'a demandé de prendre ma voiture. Elle m'a aussi dit que je pouvais prendre le temps de passer à la maison, de dormir un peu même, et qu’elle allait bien s’occuper de ma fille jusqu’à mon arrivée. Pas question, que je me suis dit! Déjà que je ne pouvais pas l’accompagner dans l’ambulance, aucune chance que je ne sois pas là pour elle à son arrivée à l’hôpital.

Tout s'est alors remis à aller vite dans ma tête; j’avais les larmes aux yeux, mais j’essayais de garder le contrôle. J'ai dit au revoir à mon bébé qui partait avec l’équipe médicale. Alors que les portes de la salle de choc se refermaient derrière eux, je ne comprenais plus rien, je ne contrôlais plus mes émotions et j'ai perdu mon sang froid. J'avais pourtant si bien su le contenir jusque-là. Je pleurais tellement que je ne savais plus où j'étais ni même où se trouvait ma voiture.

Un ambulancier, qui passait par-là, a décidé de m’accompagner et de m’aider à transporter mes choses. Il m'a parlé doucement et ça m'a aidée à me calmer un peu. Il m'a conduite jusqu'à ma voiture, s'est assuré que j'étais okay pour conduire, m'a souhaité bonne chance et est retourné à ses occupations.

J'ai placé la coquille vide de ma fille sur son socle, je me suis assise et j'ai pris de grandes inspirations pour arriver à chasser la boule qui s'était installée au creux de mon ventre. De ma voiture, je voyais l’ambulance de ma fille qui finissait sa préparation.

J'ai repris mes esprits et j'ai démarré. Je suis partie avant l'ambulance et elle me suivait de près. Pendant le trajet jusqu’à Sherbrooke, je pleurais doucement, sans contrôler les larmes qui coulaient sur mes joues. J'étais morte d’inquiétude, j’avais tellement peur que son état se dégrade pendant le transport. Je repensais aux paroles de l’infirmière : tout va bien aller. Tout va bien aller. Tout va bien aller.

Je suis arrivée à l'hôpital, j'ai stationné ma voiture et pendant que je marchais dans le stationnement, j'ai aperçu l'ambulance qui entrait dans le garage. Je suis entrée par la porte la plus près pour essayer de les rejoindre. Je ne les trouvais pas. J'ai posé des questions au premier employé que j'ai croisé et il m'a envoyée sur l'étage de la pédiatrie en m'expliquant où se trouvaient les soins intensifs.

J'y suis allée sans attendre et je suis arrivée au moment où l'équipe installait ma fille dans son lit. L'infirmière m'a dit que le transport s'était bien déroulé, elle m'a indiqué tout ce que j'avais besoin de savoir pour la nuit et je me suis installée dans un fauteuil à côté du lit. Il était presque 4h du matin à ce moment-là. Le reste de la nuit s'est déroulé lentement et calmement...

En tout, ma fille a passé 10 jours aux soins intensifs pédiatriques de l’Hôpital de Sherbrooke: un jour en pédiatrie de jour puis un suivi serré au cours de la semaine suivante. Les médecins étaient tous formels: il est possible que le médecin urgentiste qui l’a vue en premier et qui nous a retournées chez nous ait jugé que son état n’était pas critique à ce moment-là. Il aurait tout de même dû s’assurer de la source de ses difficultés respiratoires avant de conclure qu’il ne s’agissait que d’un simple rhume.

On m’a conseillé à plusieurs reprises de porter plainte, car il s’agissait d’une situation inhabituelle. Mais on m’a surtout fait comprendre que JAMAIS un médecin ne devrait nous faire sentir stupide d’être venu.e le consulter, car, comme dans mon histoire, c’est ce sentiment qui m’a fait autant douter de mon jugement et qui a retardé mon retour aux urgences. (Je n’ai pas eu besoin de porter plainte, j’ai su par un médecin qui nous suivait que le cas de ma fille avait été discuté en comité que des « actions » avaient été prises.)

Je ne vous raconterai pas en détail les 10 jours passés à l'hôpital, mais il y a eu des hauts et des bas, des moments effrayants et d’autres décourageants, mais heureusement, tout s’est bien terminé pour nous. Ma fille a maintenant 1 an et elle se porte à merveille

Il y a longtemps que j’avais envie d’écrire cette histoire, de partager notre expérience et de dire à toutes les mamans et papas : ayez confiance en vous, en votre jugement et en votre instinct. Insistez si vous n'êtes pas convaincu.e.s du diagnostic du médecin, quitte à avoir tort, mais au moins, vous en aurez le cœur net. Je ne suis pas la première à le dire, mais ce jour-là, j’ai réalisé que c’était vrai : personne ne connaît mieux votre bébé que vous-même.

J’aurais dû demander un deuxième avis et ne pas douter de moi quand j’avais envie de retourner à l’hôpital, quitte à revoir le même médecin et lui dire avec conviction que, selon moi, ça n’allait pas. N’ayez pas honte de votre instinct et faites-vous confiance.

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