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Le temps file, se faufile, doucement, insidieusement. Le compte à rebours est commencé.

Je me surprends à calculer les jours qui me séparent de ce fameux retour au travail, qui me sépareront de mon fils, ma nouvelle passion. Retour à la réalité, certains diront. Mais le réel, le tangible, c’est mon quotidien de maman, maintenant.

Moi qui, au début, aurais troqué volontiers mon congé de maternité pour cette carrière à laquelle j’ai tout donné, pour ma profession prenante et bien-aimée. Je me morfonds, à présent, à l’idée de quitter ce nid d’amour fièrement bâti en si peu de temps.

Le temps, ce mot évanescent; si seulement je pouvais le figer, l’encapsuler. Je ferais des millions, avec pareil brevet, et me paierais ce luxe de rester auprès de mon trésor. Et pourtant, un métier exaltant m’attend.

Le temps, fuyant, me glisse entre les doigts; ces doigts qui n’ont jamais connu si peu de vernis et qui, pourtant, amusent et caressent bébé ad nauseam. Ces doigts qui, en un simple claquement, me confirment que le tempo de la vie ne cesse d’accélérer. Les jours se succèdent, les tâches s’empilent, le désordre s’additionne.

Bientôt la trentaine. On dit que l’amour n’a pas d’âge. Faux. Il a 9 mois, des joues exagérément dodues et cet amour me tiraille jusqu’au plus profond de mes entrailles. Mes yeux plissent ou est-ce simplement le poids des cernes qui explique cette vision dépourvue de périphérie? Il n’y a que lui (et mon tendre mari).

Et il grandit. Trop vite, trop bien. Le temps de jeter un coup d’œil à mon téléphone intelligent, ma meilleure ennemie, et voilà huit dents bien exposées au vent, béates devant la beauté de la nature ou une simple penture. Il me rappelle quotidiennement que bonheur et simplicité s’accordent à merveille. Le temps d’admirer; petite douceur fruit du post-partum.

Le temps se gère aussi, se discute, se dispute. On me reproche constamment ma nouvelle vie rangée, ma routine « imposée ». On me juge carencée en sorties et activités. On trouve à redire de mon allaitement passionné qui me sépare d’un ciné. On me prévient que la séparation sera cruellement rude, si je ne «pratique» pas la rupture d’avance.

Quoi qu’on en dise, l’important et ce qui m’importe « temps », c’est que j’en suis l’unique maîtresse. Je choisis en toute conscience d’accorder chacune des secondes de ma nouvelle vie de maman à bécoter les jolis pieds de cet enfant, à aimer chacun de ses petits plis, jusqu’à ce que l’heure du travail sonne.

Tic, tac boum (période d’apprentissage des onomatopées en cours): j’implose d’amour insatiable et de culpabilité à l’idée de retourner à ma vie « d’avant ». Mais qu’était-elle, réellement, sans Édouard? J’anticipe. Ma maison sera encore un peu plus chaotique. Peut-être devrais-je investir dans une mijoteuse aux super pouvoirs ou encore un grille-pain éclair, question de gagner quelques minutes ici et là.

Bien que je me décompose à l’idée de cette évidence prochaine, je me dois d’apprendre à composer avec le temps et les tâches. Pour mon coco. Pour notre vie familiale assurément tourbillonnante, mais aussi parfaite dans ses imperfections.

Le temps est une denrée rare, une ressource épuisable. Partout, on nous martèle de prendre le temps de ci ou cela. Or, le temps, insaisissable chose, ne se prend pas. Il se vit, s’apprécie.

À tous ces parents qui jonglent, jour après jour, avec le temps, les enfants, la vie telle qu’elle est; sachez vivre l’instant présent. Et tel un bon film, rejouez-le, le soir venu.

Ranimez-le cérébralement, paupières closes, entre 2 pleurs, deux boires, 4 ronflements, au son de l’horloge, incessant.