Après 5 mois parmi nous, j’avoue enfin… Je n’ai jamais été capable de te parler, de te caresser à travers ma bedaine. Rien du tout. J’ose enfin le dire. Je me suis sentie si coupable pendant ces 9 mois et c'est encore le cas aujourd’hui.

Aujourd’hui, je comprends mieux pourquoi. Tu es arrivée parmi nous quand je ne l’espérais plus. Tu es une des plus belles surprises dans ma vie, mais aussi une des plus grandes angoisses que j’ai vécues. J’ai eu peur de te perdre, de ne jamais te rencontrer. J’ai été au repos pendant les premiers mois. J’ai vécu sur la pointe des pieds pour ne pas te perdre. J’ai arrêté de respirer par peur de te faire mal.  Ma condition physique m’empêchait de penser à l’avenir, j’avais si peur de faire une fausse couche.

Alors tu comprends pourquoi te parler ou te toucher aurait concrétisé ta présence; nous aurions créé une relation. J’ai préféré faire tout ce qui était le mieux pour toi, mais sans les mots, les sons, la musique, sans ma VOIX. Je t’ai privée certainement de quelque chose. Et je m’en veux, car pour ta sœur, je lui ai fait écouter de la musique pendant 9 mois, je lui parlais sans arrêt. Mais toi, tu as écouté ta sœur crier, pleurer. Tu as entendu les disputes entre moi et  ton papa. Tu as entendu mes pleurs après chaque échographie. Tu m’as entendu parler de toi à ma famille, à mes amis, mais jamais à toi.

Aujourd’hui, je comprends ta vulnérabilité, ta sensibilité. Je comprends que tu veuilles être dans mes bras, que tu recherches ma chaleur, ma présence. Je sens que tu as besoin d’être rassurée.

Mais rassure-toi, aujourd’hui, je suis là. Je serai à ton écoute. Je serai tes bras pendant toute une nuit. Je serai ta chaleur pour les mois d’hiver à venir. Je te chanterai toutes les chansons du monde. Je serai toujours là pour toi parce que tu es bien réelle.

Aujourd’hui, je te demande pardon. Je t’aime.