On remercie les médecins, les infirmières, les pharmaciens et c’est effectivement important de le faire parce que nous avons besoin d’eux plus que jamais. Cependant, aujourd’hui, j’ai envie de dire (et même de crier) merci aux éducateurs et éducatrices, ces héros dans l’ombre de la pandémie.

Merci d’abord aux éducatrices de la petite enfance qui prennent soin des petits trésors des anges gardiens. Merci de prendre ce risque, parce qu'on va se le dire, il y a des risques.

En ces temps d’incertitude malheureusement propices au découragement, merci aussi à mes collègues et à tous les éducateurs et éducatrices qui travaillent dans les centres jeunesse.

Plusieurs ne le savent peut-être pas, mais malgré la crise planétaire actuelle, plusieurs enfants et adolescents sont placés et hébergés sous la Loi de la protection de la jeunesse et doivent donc rester confinés avec nous. Certains plus chanceux que d’autres ont pu retourner dans leur milieu familial, mais pour la plupart, ce n’est pas possible puisque le milieu est soit instable ou le jeune est trop vulnérable. Donc, pour ces derniers, heureusement, nous sommes là.

Merci à tous mes collègues qui se lèvent tôt et se couchent tard pour aller prendre soin de ces enfants qui ne sont pas les leurs. Merci de les divertir, de s’assurer qu’il vont bien, de les protéger et de les animer. Merci de partager votre quotidien en jouant à des jeux vidéo, en animant des jeux, en écoutant des films, en lançant des devinettes, en pratiquant des activités sportives, artistiques,  créatives ou culinaires et plus encore. Merci de rester zen malgré les crises, les coups, les désorganisations et le stress, parce que même si dehors il y a une pandémie, à l’intérieur des murs, il y a des jeunes blessés, tourmentés, anxieux, craintifs et parfois agressifs.

On va se le dire, la distance sociale est quasi impossible dans notre quotidien où nous vivons à 16 sur un même plancher . On commence à être fatigués de faire des shifts doubles parce qu'on s'occupe de nos propres enfants le matin puis on part s'occuper de ces adolescents en après-midi et vice versa. Et c'est normal d'être fatigués parce qu'on est humains et que les humains, ces temps-ci, ils sont souvent angoissés et apeurés. Nous avons perdu nos repères et nous ne contrôlons rien (ou si peu).

Et même si les éducateurs et les éducatrices ne soignent pas et ne guérissent pas au même sens que le font les médecins, nous sommes là, au combat. Nous écoutons, animons, guidons, expliquons, prenons soin, rassurons, divertissons, intervenons et amusons (nous essayons, malgré tout). Nous sommes un service essentiel et devons rester quoiqu'il arrive.

Même lorsque nous sommes anxieux, stressés ou angoissés, nous sommes aussi bienveillants et souriants, quitte à sécher nos larmes avant de mettre notre masque de superhéros et d'aller travailler.

Merci à vous et à mes collègues, donc, de ne pas laisser tomber et d'être des superhéros du quotidien. D'ailleurs, la semaine prochaine, dans mon unité, nous allons organiser une semaine thématique superhéros pour le bonheur des jeunes, mais aussi pour nous rappeler que même si nous sommes dans l'ombre, nous sommes là avec notre cape invisible.