Lors du dépôt du dernier budget fédéral, les parents se sont fait annoncer une excellente nouvelle. Les parents qui optent pour le congé parental de 18 mois pourraient obtenir 8 semaines supplémentaires de congé parental, à condition que le couple accepte de se partager le temps nécessaire pour s'occuper du nouvel enfant.

Cette nouvelle est vraiment chouette et va dans le sens d’un grand nombre de recherches sur les bénéfices d’un partage du congé parental sur l’implication des pères et d’un meilleur partage des tâches ménagères une fois le congé terminé.

Quelques lacunes
Le problème, comme avec énormément de mesures prévues au budget du Canada, c’est que le gouvernement Trudeau semble avoir comme objectif de faire les manchettes (Sur ce coup, bravo! C’est réussi!), plutôt que de réellement aller au bout de la logique. Il faut comprendre que cette mesure ne s’applique qu’aux parents qui sont admissibles aux prestations d’assurance-emploi.

La loi sur l’assurance-emploi comporte énormément de lacunes, d’aucun n’hésitent pas d’ailleurs à la qualifier carrément de sexiste. Ne pensons qu’aux femmes qui travaillent à temps partiel (occupant 75,8% des emplois à temps partiel) et pour qui il est plus difficile d’atteindre le nombre d’heures requises pour être éligibles. Notons ici au passage qu’avant 1996, on n’exigeait qu’entre 12 et 20 semaines (d’un minimum de 15h) pour se qualifier. Exit aussi les parents travailleurs autonomes qui ne pourront pas avoir accès à ce congé parental bonifié.

Pas pour les parents québécois
Nombreuses sont mes amies qui m’ont écrit pour me dire « Wow! Des semaines supplémentaires! Génial, vive Justin!», sauf qu’en fait, ça ne touche pas vraiment la grande majorité des parents québécois.

Le Québec a son propre régime de congés parentaux depuis 2006. Il s’agit du régime le plus généreux en Amérique. Il offre aux TPL-Dads comme moi un maximum de cinq semaines de congés payés (jusqu'à 70 % de leur revenu) et il est de plus en plus populaire.

En 2017, 12% seulement des pères canadiens étaient restés à la maison pour s’occuper d’un nouvel enfant. Dans le cas du Québec, c’est 81 % des conjoints ou partenaires masculins qui se sont prévalus de ce congé.

Il faut dire que le taux de la prestation fédérale est beaucoup moins généreux! Il s’établit à  55 % de la rémunération moyenne hebdomadaire assurable, jusqu'à concurrence d'une somme maximale pour ceux qui choisissent un congé de 12 mois. Il tombe à 33 % pour ceux qui optent pour un congé de 18 mois. C’est mieux que rien, mais il faut avoir les moyens!

Disons qu’on est encore loin de la Suède et de son mythique congé parental de 480 jours (dont un minimum de 60 réservés pour les pères). En attendant, c’est une bonne nouvelle pour les familles canadiennes et les quelques familles québécoises qui travaillent dans des domaines sous juridiction fédérale (gouvernement fédéral, banques, stations de radio ou de télévision, entreprises de transport interprovincial, ports et entreprises de télécommunication… ce n’est pas moi qui invente ça, ce sont les Pères de la Confédération qui ont inventé ça… ils ne devaient pas être du genre à prendre leur congé de paternité d’ailleurs!).

Vous trouvez que les parents canadiens auraient besoin de mieux? Ça tombe bien, il y a une campagne électorale qui s’en vient. Écrivez à vos députés!