La chicane est pognée, y’a comme une bourrasque qui charrie les mots d’un bout à l’autre de la pièce. Les couteaux volent bas, y’a aucun moyen que ça se termine bien. Chacun y va de son insulte, chacun veut faire valoir son point. Mais si ça ne se calme pas bien vite, elle a peur de le recevoir, le poing.

Elle, appelons-là Zoé (j’ai toujours trouvé ça beau, ce nom-là. Si ça avait été possible, j’aurais appelé ma fille ainsi. Pour moi, Zoé, c’est synonyme de gentillesse et de douceur). Zoé, du haut de ses 6 ans, assise au centre de la pièce, effrayée et assistant impuissante à tout ce brouhaha. Zoé qui voudrait donc vomir son écœurantite de tous ces cris, qui voudrait se sauver de cette scène de haine… mais qui n’ose pas bouger de peur de déclencher un tsunami. Zoé qui aurait, à son tour, envie de crier pour que ça cesse, pour que ses parents prennent conscience de sa présence. Zoé qui reste pétrifiée, les yeux fermés et les oreilles bouchées, en attente que la tempête se calme (encore) et que revienne le soleil.

Les tempêtes ne durent jamais bien longtemps, mais reviennent de plus en plus souvent. Quand c’est terminé, tout le monde est fatigué, épuisé d’avoir tant crié sans écouter. Zoé elle, ne sait jamais vers qui se tourner, qui aller consoler ou à qui elle doit se confier sur ce qui vient de se passer. Elle en a déjà beaucoup trop vécu pour son jeune âge… et probablement qu’elle en sera marquée à vie.

Cri, Enfant, Jeune Fille, Personnes
Quand les vagues se calment, quand le flot des paroles méchantes se tait, c’est vers elle qu’on se tourne pour trouver le réconfort. On la cajole, la bécote, la serre fort dans nos bras. On s’accroche à elle comme à une bouée de sauvetage, alors que ce n’est pas son rôle. On la vieillit prématurément, lui vole son innocence, lui fait prendre conscience de choses qu'elle ne devrait pas comprendre. Qu'elle ne peut pas comprendre.

Si on ne cesse pas bien vite ces élans de colère et de cris, Zoé ne distinguera plus ce qui est bien de ce qui ne l’est pas. Crier deviendra banal, un mode de vie qu’elle reproduira probablement à son tour avec ses amis et lorsqu’elle sera elle-même maman.

Zoé n’a pas demandé à se retrouver dans cette situation. Elle y est pourtant confrontée, bien malgré elle. La tristesse, l’angoisse et la peur de la prochaine crise ont envahi son cœur. Bien sûr, elle réussira à se faire une carapace, mais ce n’est pas normal. Personne ne devrait vivre là où il y a des cris, des disputes et parfois même des coups. Personne… encore moins les enfants…

Vous pouvez contacter SOS Violence conjugale 7 jours sur 7, 24h sur 24 au 1-800-363-9010.

C'est gratuit et confidentiel.