Partout autour de nous, on valorise la performance, le dépassement de soi. On nous répète qu’il faut donner le meilleur de nous-mêmes, on nous bombarde de trucs pour y arriver. Ce n’est pas « mal » de vouloir combattre la médiocrité, c’est même plutôt souhaitable de tirer une société vers le haut, de ne pas niveler vers le bas. Mais à quel prix? Où poser les limites de ces diktats pour ne pas qu’ils deviennent trop étouffants, trop exigeants, trop stressants? Comment bien doser les attentes pour ne pas qu’elles se transforment en monstre de pression? Et à travers cette hypervalorisation de la réussite, comment convaincre que l’épanouissement passe par autre chose que l’excellence?

Vous le trouvez aride mon discours? Je ne suis pas en train de rédiger une thèse de maîtrise pourtant, je m’interroge simplement quant à l’éducation de nos enfants. Cette tendance sociétale à encourager la performance déteint sur nos petits. C’est bien d’applaudir leurs bons résultats scolaires ou leurs premières positions aux olympiades, mais comme dans n’importe quoi, il y a un revers à tout ça. Car à force de se faire dire qu’on est merveilleux parce qu’on réussit, eh bien on veut toujours réussir, on n’accepte pas l’échec, on internalise la performance comme critère de base pour avancer et être reconnu dans la vie, on vise constamment l’excellence car en bas de ça, on pense qu'on est « décevant ».

Chez les enfants, cette volonté de performer se transforme souvent en anxiété de performance ou en perfectionnisme, ce fameux « beau défaut ». Il n’y a pourtant rien de beau à vouloir atteindre la perfection, parce qu’en grandissant, lorsque les devoirs d’une demi-page se métamorphosent en travaux de 25 pages et qu'un méga blocage survient après la troisième phrase parce que « c’est juste de la marde ce que j’écris », croyez-moi que ce n’est pas cute pantoute ce qui se passe dans la tête de nos enfants. Ils se dévaluent, se dénigrent, se mésestiment, se jugent trop sévèrement, perdent confiance en leurs moyens, angoissent et stressent à s’en rendre malade.

Tout ça pour dire que, même lorsqu’ils sont encore tout petits, vaut mieux être vigilant par rapport à leur perception de la performance. Je ne dis pas qu’il ne faut pas les féliciter pour leur bon rendement, que ce soit scolaire, sportif ou autre. J’allume juste une lumière rouge préventive pour qu’on soit conscient que parfois, le message s’enregistre drôlement sur le disque dur de nos cocos-cocottes, du genre « si je n’ai pas 100%, je ne vaux rien ».

Comment éviter qu’ils tombent dans le piège de la performance alors? Je n’ai pas de solution magique, mais peut-être qu’en vérifiant comment ils se sentent face aux exigences des autres, face à leurs propres attentes, peut-être qu’en leur rappelant que ce n’est pas parce qu’on est premier de classe qu’on n’a pas droit à l’erreur, que ce n’est pas parce qu’on gagne un championnat qu’on doit tous les gagner, qu’on ne mesure pas la valeur de quelqu’un uniquement en fonction de ses bonnes notes ou de ses exploits sportifs; un humain, c’est tellement plus que ça! Peut-être qu’en misant sur l’effort et la persévérance plutôt que sur les résultats, qu’en les encourageant à développer autant leurs aptitudes sociales et leur créativité que leurs capacités académiques, peut-être qu’on les aiderait à s’aimer et s’épanouir tels qu’ils sont, imparfaits mais uniques? 

Ceci dit, je sais bien que partout, on marche par classement, cote, rang, évaluation et que si on n’est pas assez ci ou ça, on risque de se faire fermer des portes au nez. Mais bon, on peut quand même se dire qu’on va apprendre à nos enfants qu’ils ne se résument pas à une lettre dans un bulletin, qu’ils valent bien plus que ça.

Comment gérez-vous la performance dans votre famille?