Je suis de nature bonne et généreuse. Une fois, j’ai entendu cette expression « Trop bonne, trop conne ». Un peu cru, un peu vulgaire, mais pas sans fondement malheureusement.

Récemment, je suis venue en aide à une personne que je croyais être mon amie. Son jeu préféré, c’est la séduction. Dès qu’un homme lui fait de l’œil, elle ne peut s’empêcher de jouer la coquine. Combien de confidences m'a-t-elle faites dans ce sens, entretenant deux ou trois admirateurs à la fois. Elle sortait tout juste d’une relation misérable, avec pratiquement rien devant elle. Elle m’a demandé une très grosse faveur, et j’ai dit oui. J’ai un petit logement meublé que je lui ai prêté, pour trois fois moins que sa vraie valeur. Connaissant sa nature séductrice, je n’ai pu m’empêcher de mettre en garde mon chum. Malgré la confiance que j'avais en notre amitié, une petite voix me recommandait la prévention. « Voyons, c’est ton amie » me répondit-il, surpris.

Les premiers mois se sont bien passés. On se rendait de petits services, on se faisait à l’occasion une soirée sympathique. Elle s’est tranquillement rapprochée de mon chum, ils sont devenus amis, le genre avec des insides bien à eux. Au début, j'étais heureuse qu'ils s'entendent si bien. Je n'avais jamais été jalouse d'une autre femme, je sais que mon chum m’aime pour ce que je suis. Entre nous, il n’y avait pas de secret. Jamais je ne me suis sentie heurtée dans ma confiance. Mais, petit à petit, je ne trouvais plus ma place dans cette amitié grandissante. 

De retour du boulot, je les surprenais à se tirailler dans la piscine. À boire une bière ensemble. Ils s’envoyaient des textos quotidiennement. Une fois, alors que je me suis sentie de trop chez moi, j’ai espionné les messages de mon chum. Il effaçait leur conversation, alors que le résumé de notre facture m’indiquait un échange volumineux et soutenu entre eux. Cette soirée-là fut l’une des plus pénibles de ma vie. J’ai fait une scène, j’en pleurais de jalousie. Il s’est emporté contre moi, m’affirmant qu’il n’y avait rien entre eux. Sa défense était que je ne lui parlais que de choses banales, alors que mon amie l’écoutait, l’encourageait, le faisait rire. Mais rien de plus. Ce que j’en comprenais, c’est que j’étais la femme acquise, routinière. Alors qu’elle représentait la nouveauté, le mystère, la séduction. J’ai dirigé alors ma haine vers elle. La jalousie m’a ravagé le cœur.

J’étais plus distante avec elle, mais je n’osais pas l’affronter. J’avais envie de vomir quand elle me disait que son nouveau était l’homme de sa vie, car je sentais en permanence cette atmosphère de flirt sous mon propre toit. Peu à peu, je ne voyais plus l'amie en elle, mais la rivale. Au bout de quelques jours, ça a explosé. Notre amitié s’est brutalement terminée, elle a plié bagage. Mon chum m’a consolé, mais quand je lui demandais s’il y avait eu quelque chose entre eux, il me répondait que ce n’était qu’une bonne amie qu’il perdait lui aussi.

Bien des mois plus tard, la poussière était retombée. J’oubliais ce qu’était la jalousie, j’avais retrouvé la confiance et la complicité. Un soir en tête à tête, je me suis laissée aller à la confidence. Je lui ai dit à quel point je regrettais d’avoir douté de lui. Et là, à mots couverts de honte, il m’a avoué toute l’histoire.Tout cela n’a pas été aussi loin que dans mes pires craintes, mais il a bien eu un flirt soutenu entre eux. Et comme je le redoutais, si j’en crois sa version, ce jeu de séduction aurait été instauré par elle. Elle le flattait, lui envoyait des photos coquines ou lui parlait ouvertement sa sexualité. Bref, le genre de choses qu’elle avait fait avec tant d’autres. Mais jamais je n’aurais imaginé que notre amitié passerait après son besoin de se sentir désirée.

Je ne suis plus jalouse. Je suis triste, en colère et considérablement démolie. J’en veux à mon chum de s’être laissé embarquer dans cette histoire. J’en veux à elle d’avoir fait peu de cas de mon amitié. Je leur en veux de m’avoir joué dans le dos ainsi. Je me sens doublement trahie.

La colère, une autre émotion que je tais trop souvent. Je ne sais pas encore ce que je vais choisir de faire. Mais, trop bonne, trop conne… Plus jamais.