Vous savez ce qui me manque le plus depuis la naissance de mon fils? Ce ne sont pas les nuits complètes et ininterrompues. Ce n’est pas la propriété complète sur mon corps et mon temps. Ce n’est pas non plus l’absence de sources de conflit entre mon conjoint et moi (quoi que…).

Ce qui me manque le plus, c’est de pouvoir lire le journal tous les matins et pendant des heures, tranquille. Il faut dire que j’ai suivi religieusement l’actualité pendant des années pour le fun pour le travail et qu’on ne se débarrasse pas de cette dépendance du jour au lendemain. Je le ferai donc pour vous en m’intéressant à ce qui touche de près ou de loin la maternité et la parentalité.

Pour mon premier billet, j’ai envie de revenir sur Beauté fatale, le premier documentaire de Léa Clermont-Dion, qui connait un certain engouement médiatique. Déjà connue pour son implication en faveur d’une image corporelle plus saine et diversifiée, elle y propose une réflexion critique sur l’obsession des femmes et de la société pour la beauté. Le documentaire montre bien comment cette obsession est nourrie par l’industrie de la mode et des cosmétiques, mais aussi par notre entourage, immédiat ou non. Je vous laisse regarder le documentaire (disponible sur le site de Télé Québec) ou en lire les nombreuses critiques pour vous en faire une idée.

Cela dit, en tant que mère, certains éléments m’ont plus frappé que d’autres.

Le premier, ce sont les répercussions de nos mots et de nos actes. Comment un simple « ouin, tu t’en viens avec des bonnes fesses » peut virer à l’envers une jeune fille. Et pour pas mal longtemps. Comment les régimes, les privations et les heures passées devant le miroir peuvent envoyer un message que nous ne souhaitons pas transmettre à nos filles. Comment le manque de confiance, l’obsession pour la beauté d’une femme peut se transmettre d’une génération à l’autre sans même qu’elle ne le veuille.

Le second, c’est à quel point tout ça commence en bas âge. Léa affirme être passée près de la mort à 12 ans. Mitsou, qui témoigne dans le documentaire, dit avoir commencé à vouloir changer de corps vers 10-11 ans. C’est jeune, très jeune. On parle ici d’enfants, pas d’adolescentes, pas de femmes. Et pourtant leur détresse est déjà immense.

Est-ce que ça m’étonne? Pas vraiment. Je n’avais pas 10 ans qu’un commentaire désobligeant d’un adulte sur ma pilosité aissellienne naissante me faisait développer une réelle obsession du poil. Ça s’est terminé par un duel entre mes poils de bras et un vieux rasoir de mon père et c’est le rasoir qui a gagné. Ma mère m’a réconfortée et m’a expliqué que tout le monde avait des poils. Thanks mom.

Blague à part, je crois que si le documentaire m’a appris une chose, c’est de faire excessivement attention à la façon dont je traite la question de l’apparence et de la beauté des filles, mais aussi des gens en général, avec mon fils. Je ne veux pas qu’il internalise cet idéal unique et irréaliste de la beauté féminine. Surtout, je ne veux pas qu’il réduise les filles, les femmes à leur beauté. Elles sont (nous sommes) beaucoup plus. C’est d’ailleurs peut-être là que réside, selon moi, une partie de la solution pour sortir de l’obsession de la beauté…

Qu’avez-vous pensé du documentaire? Qu’est-ce que ça vous dit en tant que parent?