Une mine de crayon plantée dans le bras, des doigts écrasés par le couvert de la valise d’auto trop rapidement refermée. Des sauterelles en captivité lancées sur moi à la toute dernière minute, un coup de talon dans le front pendant le retour de la balançoire…

Tous de mauvais moments sur le coup, qui nous auront valu certaines punitions, mais qui, près de 30 ans plus tard, nous font encore tellement rire! Parce qu’avoir un ou des frères ou sœurs, c’est risquer sa vie à tout moment!

Dans mon cas, je suis l’aînée. Et on sait tous qu’aîné rime avec responsabilité. Combien de fois j’ai entendu mes parents répéter cette phrase : « T’es la plus vieille, faut que tu donnes l’exemple! »  Avec le recul, je me rends clairement compte que ça n’a pas fonctionné à tous les coups! Mais t’sais, si mon frère n’avait pas fait à sa tête, il ne serait pas celui qu’il est aujourd’hui! Et notre relation ne serait pas la même non plus!

Oui, on s’est chicanés et chamaillés, mais on s’est souvent consolés aussi. Quoi qu’on en dise, la fratrie construit notre identité et l’influence de nos frères et sœurs est bien plus grande que ce qu’on peut imaginer. Les chicanes entre frères et sœurs, c’est tout à fait normal (même si pas toujours plaisante à vivre), cela fait partie de notre développement. 

Quand j’étais petite, avoir mon cadet dans les talons à longueur de journée, ça tapait sur les nerfs plus qu’autre chose. Toujours là, à vouloir faire le grand, à vouloir participer aux activités que je faisais avec mes ami.e.s. Eux ou elles le trouvaient ben comique le p’tit clown! Moi, j’voulais juste qu’il vieillisse et qu’il s’amuse avec ses propres ami.e.s! 
Aujourd’hui, on en rit, parce que nos quatre ans d’écart ne se voient plus et que les chicanes ont été remplacées par une belle amitié. Jeunes, on tient à s’affirmer et à créer notre propre identité. Plus vieux, on se rend compte que les amitiés sont parfois difficiles à maintenir avec nos rythmes de vie, mais que l’amour qu’il y a entre frère et sœur demeure…

Bien sûr, on a nos hauts et nos bas. On n’est encore pas toujours d’accord sur pleins de points et on fait encore damner mes parents aux soupers de famille! Au-delà de lui et de moi, il y a ce lien qui nous unit et qui sera toujours là. Notre relation n’a pas toujours été une mer calme, il y a parfois eu de grosses vagues et il y en aura sûrement encore, mais nous savons qu’au-delà de tout ça, nous pouvons compter l’un sur l’autre. Et c’est tout ce qui compte.
Petite, c’était un risque à prendre de jouer avec mon cadet casse-cou. Aujourd’hui, les risques, je les prendrais pour le protéger. Les choses changent, mais pas l’amour que j’éprouve pour lui!