En kiosque depuis quelques jours, le dernier numéro de la revue d’idées À bâbord! risque d’en intéresser plus d’un.e. Élaboré en collaboration avec le Regroupement Naissance-Renaissance, il présente une dizaine d’articles réunis sous le thème « Maternité et médecine : silence, on accouche! », et aborde différents enjeux liés aux expériences de la naissance : histoire des conceptions actuelles de l’accouchement, violences obstétricales, expériences des femmes marginalisées et enjeux de la lutte pour la reconnaissance de l’approche sage-femme.

Illustration de Chloé Germain-Thérien pour la semaine de l'accouchement respecté 2017, reprise dans le numéro d'À bâbord!
Crédit : Chloé Germain-Thérien

J’ai été fascinée par le premier article, portant sur l’histoire de l’accouchement médicalisé. Saviez-vous par exemple que la pratique de la césarienne apparaît en Europe au XVIIe siècle, et qu’elle est utilisée, entre autres, de manière à baptiser dans la foi catholique des bébés nés de mères protestantes? Retraçant les pratiques d’enfantement du XVIe siècle à aujourd’hui, ce récit d’histoire sociale et politique permet de mettre au jour les dynamiques de pouvoir qui ont fabriqué la croyance actuelle en l’accouchement comme étant dangereux et devant être encadré par la médecine.

Le numéro présente plusieurs témoignages de femmes, certains de personnes ayant vécu de la violence obstétricale, d’autres proposant une réflexion sur les manifestations du racisme systémique envers les femmes noires, autochtones ou sans statut en périnatalité. Lire ces voix de femmes m’a beaucoup touchée, je les ai trouvées extrêmement fortes pour soulever les questions de justice reproductive.
 
Pourquoi, par exemple, les femmes noires aux États-Unis sont deux à trois fois plus enclines à donner naissance prématurément? Comment est-il possible qu’une femme sans statut et vivant dans une situation de pauvreté au Québec doive débourser entre 6000 $ et 14 000 $ pour un suivi de grossesse? Comment le capacitisme se manifeste-t-il dans les suivis de grossesse de personnes en situation de handicap? Comment faire pour que les femmes autochtones vivant dans des communautés éloignées des centres hospitaliers se réapproprient l’accouchement? L’entrevue avec l’accompagnante à la naissance Hirut Melaku a été mon coup de cœur, pertinente qu’elle est pour poser les questions de justice et d’égalité dans le traitement et la représentation des femmes racisées, et notamment des femmes noires, en périnatalité.
 

Hirut Melaku, accompagnante à la naissance et militante pour la justice reproductive
Crédit : Hirut Ltd

Le numéro se conclut sur deux articles portant sur les maisons de naissances et la pratique sage-femme, leviers incontournables de la réappropriation des femmes de leurs expériences périnatales.
 
Une revue tout à fait féministe, donc, qui présente les enjeux actuels de la lutte contre les violences faites aux femmes dans le contexte de la grossesse et de l’accouchement de manière nuancée et pertinente, avec, en prime, les superbes illustrations de Chloé Germain-Thérien.
 
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