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Le deuil de l’allaitement.
Crédit: Wes Hicks/Unsplash
En toute honnêteté, le jour où j’ai décidé que j’allais allaiter ma fille, je ne savais pas trop dans quoi je m’embarquais. J’avais pris cette décision un peu à la légère. Je savais que je voulais lui donner ce qu’il y avait de mieux, alors ça allait de soi. Anyway, tout le monde que je connaissais le faisait, c’était un no brainer.

Puis, je suis allée chez l’esthéticienne quelques semaines avant d’accoucher. Elle m’a demandé si j’allais allaiter, et j’ai répondu par l’affirmative. Elle m’a également demandé si j’étais vraiment convaincue de ma décision, et j’ai répondu oui, bêtement. Elle m’a dit que dans ce cas-là, j’allais réussir. Je n’ai pas trop compris, sur le moment. Ça m’a sonné une cloche, mais je ne savais pas laquelle.

C’est une fois que bébé est arrivé au monde que j’ai compris l’ampleur de la situation. J’ai découvert que l’allaitement, ce n’est pas si facile que ça, du moins ce n’est pas facile pour tout le monde. Ça peut même devenir extrêmement compliqué, voire douloureux, et chiant… au début en tout cas. Dans les livres, ils mentionnent souvent qu’il y a des petits ajustements à faire. Avec du recul, je me dis qu’ils ne voulaient pas trop nous décourager en nous disant jusqu’à quel point il peut s’agir de gros ajustements parfois.

À un moment, pendant le premier mois de vie de ma fille, la douleur que je ressentais était comparable à celle de mon accouchement. Je souffrais le martyre. J’avais déjà lu que les débuts de l’allaitement pouvaient se comparer avec le fait de se coller le mamelon sur un aspirateur pendant une heure, et ensuite le frotter sur une râpe à fromage. Je confirme que cette comparaison était légitime dans mon cas.

Je suis tellement passée proche à plusieurs reprises d’abandonner. Une chance que j’ai eu l’aide et le support de mon copain, sinon j’aurais fini par faire un nervous breakdown. Je n’avais jamais voulu tant que ça allaiter, mais pourtant, j’étais rendue quasiment obsédée par le désir de réussir. J’y tenais plus que tout. Je rêvais du jour où j’aurais juste du plaisir et un beau moment avec ma fille en lui donnant le sein.

Avec l’aide d’une professionnelle en allaitement et d’une petite pommade magique, j’ai fini par atteindre mon objectif après quelques semaines d’efforts intenses; c’était finalement devenu un beau moment pour ma fille et moi. J’adorais ça.

Pour des raisons hors de mon contrôle, j’ai dû arrêter l’allaitement exclusif seulement quelques semaines après que ce soit rendu parfait. J’ai quand même réussi à continuer à l’allaiter quelques fois par jour pendant plusieurs mois, même si elle préférait de loin le satané biberon. Il coulait tellement plus vite, t’sais.
 

Valérie Tremblay
 
Malgré tout, chaque allaitement était un petit moment magique entre ma fille et moi. On dirait qu’on les apprécie encore plus ces moments-là lorsqu’on sait qu’ils sont fragiles et qu’ils peuvent s’arrêter à tout moment. Le temps a fini par passer et ma poulette a grandi.  Lorsqu’elle a eu 7 mois et qu’elle a commencé à devenir assez forte pour faire le bacon, c’est-à-dire lorsqu’elle est devenue assez forte pour se débattre, elle a décidé que c’était terminé avec l’allaitement. C’était finito avec le sein. J’ai eu le cœur brisé.

Je sais. Dit comme ça, ça sonne mélo-dramatique et tout le monde s’imagine que ce sont les hormones qui m’ont fait capoter. Peut-être, mais le fait est que j’ai vraiment vécu un petit deuil. J’aimais tellement nos petits moments collés. J’ai pleuré plusieurs fois à l’idée que c’était fini. Juste de voir mon tire-lait et j’avais les larmes aux yeux, no joke.

Pis, faut se dire les vraies affaires, je n’avais jamais pensé que ce serait elle qui quitterait le bateau en premier. Mais bon, lorsque c’est rendu toi qui en a plus besoin qu’elle, et bien c’est parce que c’est vraiment le temps d’arrêter. À partir de ce moment-là, j’ai arrêté de chigner, et je n’ai plus insisté. J’ai compris que ma fille était déjà rendue grande!

Et vous, avez-vous eu de la difficulté à vivre la fin de votre allaitement?

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