Il y a quelques semaines, nous nous prélassions en famille dans le lit, signe d’un bon dimanche matin. Mon Grand, du haut de ses 2 ans et avec son franglais bien à lui : « Maman is white, Elliott is white, Keelan is white et Daddy is black ». J’ai lancé un regard de surprise à l’amoureux; un demi-sourire. Je ne savais pas trop comment enchaîner une réplique intelligente à mon fils, donc j’ai juste laissé passer. De toute façon, pour le Grand, c’était comme s’il venait de dire que son ballon était rouge.
N’empêche que, depuis le temps, je mijote tout ça. On ne changera pas les faits : ce que mon fils a dit reste vrai. Pour l’instant. La génétique fait son œuvre de façon surprenante et il se pourrait très bien qu’avec le temps, mes fils aient la peau plus foncée. Ou pas. Ce n’est pas vraiment dans cette direction que va ma réflexion.
Si Michael le dit, ça doit être vrai! It doesn’t matter if you’re black or white.
Crédit : MichealJacksonVevo/YouTube
Je suis plutôt curieuse de voir quelle identité mes enfants se forgeront avec le temps. Je suis québécoise, mais quand même un peu canadienne. Mon chum est réunionnais, mais quand même un peu français. J’ai une peau bien blanche qui ne bronze jamais; il a une peau noire issue des mélanges de son île. Nous avons tous les deux grandi avec deux langues. Français/anglais pour moi; français/créole pour lui. Et nos garçons? Un magnifique mélange de tout ça!
Je suis loin de penser que toute leur identité tient dans comment ils percevront la couleur de leur peau. Tout ce que je veux, c’est qu’ils soient conscients de ce qui caractérise l’ensemble des cultures de leur famille. Qu’ils soient fiers de qui ils sont et de leurs racines.
Crédit : Giphy
À ce sujet, j’ai visionné il y a quelques mois Who is black in America?, un documentaire touchant et pertinent de CNN. Il traite de l’appartenance culturelle auprès d’adolescentes américaines. On y présente, par exemple, une jeune fille avec des phénotypes plutôt « noirs », qui a grandi avec son père blanc et s’identifie plutôt à la culture de ce dernier. Une autre fille de l’Afrique de l’Est, qui n’est pas catégorisée noire par les normes sociales, se sent bel et bien African-American. J’ai trouvé qu’il s’agissait d’une bonne piste de réflexion sur les facteurs qui influencent comment on se définit.
Je pense que l’identité se construit et se transforme au cours d’une vie. Qu’à travers les expériences, les voyages et les rencontres avec l’autre, chacun évolue. Si, par mes choix, je peux offrir certaines de ces opportunités à mes enfants, j’aurai le sentiment du devoir accompli.
Si je peux permettre à mes garçons d’avoir des bases assez solides pour qu’ils puissent explorer sans crainte et trouver ensuite ce qui résonne en eux, je me dirai définitivement que j’ai fait du bon travail. Bon, c’est un gros objectif, mais tout d’un coup que je pourrais y arriver!
Avec votre partenaire et vos enfants, formez-vous une famille interculturelle? Comment vos enfants expriment-ils ce mélange? De quelle façon est-ce qu’ils se voient?