La poésie te dit YOLO, oui, oui, toi l’adôôôôô (insérer la voix chantante d’une bibliothécaire motivée comme moi). La poésie te dit qu’on ne vit qu’une seule fois, si tu l’entends, si tu la mets dans ta bouche, si tu lui prêtes ta langue (ou ton oreille).
Mes p’tits trucs
La poésie est trop souvent perçue comme rébarbative auprès des lecteurs adolescents. Mettre un livre de poèmes dans la main d’un jeune lecteur (et même d’un lecteur adulte) est parfois souvent un défi. Alors, j’use de stratagèmes. J’engage la conversation. J’écoute. Je raconte ma vie, t’sais. Puis, hop! au dernier moment, je bifurque (« Tiens-toi, lis ça. Ça m’a fait penser à toi. »). Et ça marche, parfois.
De la poésie-récit!
Ça marche d’autant plus depuis que je dispose du tout dernier titre paru chez Boréal Inter, Les poèmes ne me font pas peur, de Laurent Theillet. Jusqu’ici, je n’avais rien lu de tel; de la poésie qui se lit comme un récit poignant.
Avec l’héroïne qu’a créée Laurent Theillet, j’ai retrouvé d’un seul souffle mon adolescence. Ce long passage dans ma vie où j’ai senti une onde d’émotions me traverser sans parvenir à expliquer ce qui s’opérait en moi. Je me souviens que c’est grâce à la littérature et à l’art que j’ai trouvé une façon d’exprimer ce qui me bouleversait. Les mots ont mis du doux sur mes maux.
« Ma prof
un matin
m’avait dit :
écrire
c’est mettre tes mots en ordre
pour ranger le désordre
dans ta tête. »
Tout comme la narratrice, j’ai traversé le deuil et les chagrins, le désir d’être amoureuse, l’impression d’être seule à porter ce lourd fardeau. J’aurais pris comme elle mon vélo pour filer loin de tout ça et porter une lettre à l’amie Chloé, déménagée. Cette balade submergée de souvenirs et de réflexions transmises avec un vocabulaire simple et tranchant, ce périple en vélo traversé par des images éblouissantes, il est impossible de ne pas en ressortir chamboulé.
Si la poésie de Laurent Theillet ne fait pas peur, elle a le mérite d’être saisissante.
Les émotions et les « mouvements intérieurs » sont aussi au rendez-vous avec J’aimerais te dire, de Bernard Friot. Ce recueil de poèmes au graphisme alléchant, on ne fait pas que le lire; on le scande! On fait valser ses pages, juste pour le plaisir de voir les mots sur les images éclater. Hummmmmm! Ça fait du bien de lire les émotions de cette façon-là. « Les poumons noyés respirent » enfin!
Quelles sont vos oeuvres pour jeunes lecteurs qui rendent intéressante l’expérience poétique?