Décider de devenir maman adoptive n’est pas une décision qui se prend sur un coup de tête, encore moins quand on est célibataire. Une suite de petites et de grandes décisions que j’ai prises ou que la vie a pris pour moi a fait qu’un soir de novembre 2014, je me suis lancée dans l’aventure de ma vie.
Ce parcours, comme la vie en général, vient naturellement avec de très grandes joies et avec quelques deuils à vivre. Certains sont difficiles à surmonter alors que d’autres passent sans faire trop de vagues.
Pour moi, le deuil de la grossesse et de l’accouchement n’a pas été aussi difficile à vivre que je ne l’aurais cru. Autour de moi, les femmes de ma famille et plusieurs de mes amies proches ont vécu des situations dangereuses pour elles ou pour le bébé qui me font plutôt peur…
J’ai aussi plutôt bien vécu avec le deuil d’avoir un enfant qui porte ma génétique et qui me ressemble. Ma fille ne sera pas le reflet de mes qualités, mais elle ne me renverra pas non plus mes défauts en pleine face lors de nos mésententes…
Je suis maman depuis environ 370 jours. Avec le temps qui passe, je me rends compte que je vis d’autres deuils.
Ma fille a fêté, il y a quelques semaines, ses 3 ans. Au cours de l’été, elle a eu une mini poussée de croissance, ses petites rondeurs de bébé sont disparues (c’est certain qu’elle n’en avait pas beaucoup en partant!). Elle parle de plus en plus et a des opinions sur tout. Je dois faire le deuil de mon bébé, après seulement un an passé avec elle! Je dois aussi faire le deuil de ses deux premières années que nous avons vécu séparées et qui ne reviendront jamais. Ça peut paraître bizarre, mais je n’y avais pas vraiment pensé jusqu’à maintenant! Je croyais que ce n’était pas si important. J’aimerais qu’elle reste petite, mais en même temps, je suis tellement curieuse de voir qui elle sera en grandissant! Je capote en pensant que seulement deux étés nous séparent de son entrée à l’école.
Je dois aussi faire le deuil de toutes ses questions auxquelles je ne pourrai répondre. Je ne connais pas ses antécédents médicaux. Je ne sais pas si ses beaux yeux bruns sont ceux de sa maman bedaine ou ceux de son ye ye (grand-papa). Si elle est drôle comme son papa ou comme un vieil oncle qui a laissé un souvenir inoubliable. Elle ne pourra jamais savoir si elle a des risques de faire du cholestérol, du diabète ou de développer le cancer du sein. Le plus difficile restera sûrement de ne pas savoir qui est sa maman bedaine et quelle est son histoire… J’aimerais tellement pouvoir la rassurer, lui dire que son bébé a une maman qui l’aime plus que tout. Surtout, je ne pourrai jamais lui dire merci et lui raconter que son bébé est devenu une magnifique grande fille!
L’adopteparentalité n’est pas plus facile ni plus difficile que la parentalité, elle est différente.
Quels sont les deuils que vous vivez depuis que vous êtes devenus parents?