Pourquoi je suis d’accord avec la fermeture de la voie Camillien-Houde (et plus même)
Auteur.e AnonymeLa grève étudiante et mon expérience sur Internet m’auront appris une chose, certains de mes textes d’opinion, je les préfère anonymes. Ce n’est pas que je n’ai pas confiance en mes idées, plutôt qu’on a la fâcheuse habitude de target les gens qui ne sont pas d’accord avec nous, et ça, ça ne me tente pas.
Ça fait plus de 10 ans que je vis à Montréal et j’ai quand même fait un peu le tour. J’ai habité dans l’Ouest quand je travaillais sur le Plateau, j’ai habité dans Montréal-Nord quand je travaillais au centre-ville. J’ai habité Villeray quand je devais me rendre tous les jours à Montréal-Nord. Habité Centre-Sud quand j’étais à l’UQAM. Habité le Plateau quand j’allais à l’UdeM. Alouette! Je viens de la banlieue de Montréal, j’ai eu mon permis de conduire à 17 ans comme tout le monde. J’ai une voiture à Montréal. Je pense que j’ai financé la ville plus que ben du monde avec mes tickets de parking.
Je me promène chaque jour pour mon travail. Je parcours la ville. Je dois souvent faire trois quartiers en moins de 8 h pour différents trucs. Bref, je suis en char, genre vraiment en char. Je suis souvent dans le trafic, je suis souvent en retard même si je prévois vraiment mes déplacements, j’ai souvent la surprise de ne plus pouvoir prendre un chemin qui fonctionnait depuis des lunes…
Mais avec tout ça, je suis d’accord avec l’administration Plante de fermer la voie Camillien-Houde.
J’ai beaucoup de difficulté avec l’excuse de l’accès à la nature. Certes, le transport en commun pour se rendre sur le top de la montagne devrait vraiment être amélioré. Je rêve d’y voir une navette aux dix minutes été comme hiver. Mais je rêve surtout qu’on cesse de s’y promener en voiture. Ce n’est pas vrai qu’on profite de la nature en char. Faudrait quand même pas se mentir! On n’est plus en 1970, faire un tour de char ça devrait plus être une activité en soi, mais plutôt une façon de se rendre quelque part.
Mais oui, c’est poche de devoir prendre un autre chemin. Je me souviens quand je faisais de l’ouest en est et qu’il y avait de la construction sur des Pins en même temps qu’Atwater. Pour vrai, un chemin qui me prenait 20 minutes m’en prenait 45 finalement. C’était nul. Mais au final, j’ai trouvé d’autres façons de me rendre chez moi et j’y arrivais sans trop de mal. Ce que je veux dire par là, c’est que résister au changement, ça n’efface pas le changement.
Il existe encore beaucoup d’autres chemins qui peuvent être pris. Et oui, être en voiture à Montréal, c’est un privilège. Et ce privilège-là vient avec le fait de devoir se taper du trafic. Les routes de transit sont utilisées comme des pistes de course. Je ne compte plus le nombre de fois que je me fais klaxonner ou dépasser par la droite sur des rues comme St-Urbain. Les routes de transit, qui font le pont entre certains points de la ville, sont dangereuses. Pis en tant que citoyenne de Montréal qui paie mes taxes, ça me fait vraiment chier de voir que les gens ne sont pas capables de comprendre qu’un char, c’est dangereux pour les vélos et les piétons.
Un jour, j’étais vraiment tannée du trafic. Je trouvais que les piétons et les vélos n’avaient pas de bons sens avec leurs agissements. T’sais, je suis le genre de personne qui pogne des tickets chaque fois qu’elle fait quelque chose de moindrement illégal — j’ai déjà eu un ticket parce que je traversais la rue au milieu et pas à l’intersection et un pour avoir tourné quand un piéton n’était pas complètement sur le trottoir, ce genre de choses! Donc, je me suis dit que la meilleure façon de comprendre, c’était en n’utilisant pas ma voiture pour un bout. Puis, j’ai réalisé comment la ville était construite pour les voitures, pas pour ses citoyens et leurs déplacements. Après ça, je n’ai plus jamais sacré pour un vélo ou un piéton téméraire.
En tant que citoyenne du Plateau, je suis vraiment fière de mon maire et de tout ce qu’il fait pour réduire la vitesse et la circulation. La priorité des quartiers, ce sont les gens qui les composent, pas ceux qui y passent en char et qui sacrent après un maire qu’ils n’ont pas élu parce qu’ils n’habitent pas là.
Si on veut vraiment profiter de la nature et de ce que nous offre le Mont-Royal, c’est à pied ou en vélo que ça doit se passer. Pas en char. Et personne ne me fera pleurer parce que ça leur prend 5 minutes de plus passer par un autre chemin. Parce que c’est principalement ça le point que personne ne dit : « Ça allait plus vite passer par là! »
Et tant qu’à y aller dans l’extrême, mon plus grand rêve c’est que la vitesse dans les rues résidentielles soit limitée à 30 partout à Montréal et que les routes de transit le soient à 40 km/h.