Le partage d’une collation, dix doigts dans le plat de carottes. Un combat d’épées en mousse. Des mains fermement agrippées pour tourner, tourner, tourner et se laisser tomber sur le gazon mouillé.

Quand je vois mon enfant tisser ses premières amitiés, du haut de ses 4 ans, j’ai presque envie d’applaudir et de pleurer en même temps.

À cet âge, ils ont tellement les émotions à fleur de peau, après tout, c’est bien elle qui me fait une crise tragi-comique pour une banane du mauvais ton de jaune, je ne peux qu’imaginer l’intensité des sentiments qu’ils se portent, les uns pour les autres.

Crédit : Giphy

On se souvient tous de notre premier coup de foudre amoureux, a-t-on aussi le souvenir de ses jeunes coups de foudre amicaux? Pas moi en tout cas!

Échanger une barrette, partager son engouement pour Despacito et se reconnaître un peu chez cet autre humain qui n’est ni papa ni maman, me semble que c’est pas rien!

La joie de se retrouver le matin, les au revoir de fin de journée (même heure, même garderie, croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer!) ; ça me rend heureuse de la voir traverser tout ça. Je le vis avec elle aussi, un peu, je crois.

Non, ça me rend pas émotive pantoute cette histoire-là!
Crédit : Gfycat

Je n’excelle pas en faisage d’amis. Je suis difficile d’approche, m’a-t-on déjà dit, je suis socio-pas-confo malgré mon plus beau sourire. J’ai toujours peur d’être la maman weird de la garderie.
Depuis l’enfance, l’amitié c’est comme un peu ma faiblesse fatale et de voir ma fille gérer sa vie avec tant de légèreté et de facilité, ça me réconforte. Je dois faire quelque chose de bien quelque part.

En même temps, c’est le signe que je n’suis plus tout à fait au centre de son univers, que son réseau s’étend, que sa vie se déroule parfois dans l’angle mort de mon champ de perception. C’est doux-amer, salé-sucré.

Ok, on joue à celui qui marche sur le moins de Lego. 1-2-3 go!
Crédit : @antigoniantoniou/Instagram

 
Depuis son entrée à la garderie, j’avoue que ça me travaille. Sera-t-elle comme moi? Un peu sauvage, un peu bizarre? Aura-t-elle des amis? Respecteux, rigolos, inventifs et gentils? Comme elle est fille unique et que nous n’avons que très peu d’enfants dans notre entourage, je craignais que ses skills de socialisation soient sous-développés, un peu atrophiés… un p’tit moignon social (eurk).
Eh ben non! Du jour au lendemain, elle est passée du jeu parallèle à la complicité coquine avec plusieurs de ses camarades.

J’espère qu’ils seront tous amis encore longtemps (garçons et filles, c’est ben important), ou courtement mais à la folie. J’espère que ce don des amitiés faciles lui restera, qu’elle aura les doigts dans plein de pots de carottes. Et qu’elle les trempera dans de la mayo Harissa, du hummus, de la Miracle Whip ou du pudding au chocolat.

Parce que tous les goûts, en trempettes comme en amitiés, sont dans la nature.

Crédit : @kera_thompson/Instagram