J'ai allaité ma fille.
Mais. Je ne forcerais jamais personne à le faire. Quand Dolorès est sortie de mon corps, je l'ai tout de suite plugguée sur mon sein, ma doula a regardé la position, m'a dit que ça allait bien aller et elle est rentrée chez elle.

Ça n’a jamais été compliqué. J'ai eu mal au début, parce que non, c'est pas une partie de plaisir, peu importe la position. Mais j'ai continué même si j'haïssais ça. Pis je continue quand même encore aujourd'hui, avec Dolorès, ses 10 mois ainsi que ses petites dents qui poussent et qui m'arrachent les mamelons.

Quand je suis allée à la rencontre de Arthur, j'ai entendu ma sœur jumelle me raconter comment son accouchement s’était mal passé. On est faites sur le même frame, avec le même ADN et pourtant, pour elle, l'aventure n’a pas été l'fun. Son bébé a décidé de naître en Superman, avec le poing dans la face.

Elle a essayé et essayé d'allaiter. Quand elle est rentrée chez elle, je suis allée la voir pour essayer de comprendre si ce n’était pas un mauvais match bébé/mamelon. Elle a pris Dolorès pour qu'elle tète et j'ai fait pareil avec Arthur. Contre toute attente, ça ne fonctionnait pas notre affaire d'échange de bébé alors j'ai appelé Marie-Jeanne en renfort. 

Une des nombreuses fois qu'on a essayé de troller nos bébés.
Crédit photo : Carolane Stratis.

 

J'ai vu Josiane tirer son lait, utiliser une téterelle, aller dans des rencontres d'allaitement.
J'ai vu Josiane pleurer sa vie au grand complet parce qu'elle n’arrivait pas à faire ce que tout le monde voulait qu'elle fasse.

Au final, son bébé était en tabarnak.

Josiane, Arthur et son biberon, Dolores, mon chat et moi.
Crédit photo : Marie-Christine Guindon.

 

Il avait faim, alors elle a tiré son lait. J'ai vu Josiane tirer son lait dans son bain, dans l'auto, à des BBQ. J'ai tiré mon lait pour l'aider parce qu'elle était crevée. Je me suis tannée de la voir tout le temps sur le bord de pleurer, pas capable de sortir de la maison parce qu'elle était trop crevée. Je lui ai dit d'aller acheter du lait maternisé et de le donner à son bébé.

J'ai choisi que ma sœur aille mieux parce qu'elle n'était pas capable de faire le choix pour elle. J'ai choisi que ma sœur soit en santé physique et mentale. Josiane m'a laissé choisir pour elle parce qu'elle avait tellement de pression de la part des gens pro-allaitement qu'elle pensait que le lait maternisé allait tuer son enfant. 

J'exagère à peine.

Ce qui me frustre le plus c'est de voir les gens manquer crissement d'empathie. Je ne connais pas une maman qui s'est dit : «bon je vais donner le biberon parce que j'hais mon enfant». Elle ne donne pas du poison. Elle se donne une chance d'aller mieux. Parce qu'il y en a avec qui ça fonctionne juste pas.

Arthur et sa bouteille, une histoire d'amour!
Crédit photo : Josiane Stratis.

 

Dans vie, je me suis toujours dit que c'était pas en blâmant les autres sur des comportements qu'on voudrait qu'ils changent que ça ferait une différence. En criant aux filles qui n'allaitent pas que vous les trouvez indigne de leur enfant, vous n'aidez pas à les faire changer d'avis, vous renforcez l'idée qu'il existe une secte de l'allaitement.

Laissez donc faire le monde si c'est pour le bien de leur famille.