Se demander «où est-ce que j’ai envie de voir grandir mes petits?» est une question qui peut engendrer de grosses discussions dans un couple. Certains ne se la poseront jamais, parce que la réponse est une évidence, mais pour d’autres c’est un peu plus compliqué.
16 ans, l’avenir devant moi, sur le point de quitter ma petite ville de la Côte-Nord, je m’entends encore dire à maman : «Un jour je reviendrai ici élever mes enfants; c’est une belle place pour ça!». Pour vrai, j’y croyais.
On quitte pour les études, ou seulement parce que la GRANDE ville nous appelle et après on revient… ou pas. C’est la réalité de la plupart des jeunes des régions.
Dix années de passées, un chum (originaire d’ailleurs) et deux enfants plus tard, je ne suis toujours pas revenue. Ce n’est pas envisageable pour notre famille de militaire.
Mais ouf! Ma petite ville me manque toujours autant, c’est viscéral. C’est là où je me ressource et où je m’évade quand ça va pas. La mer, la nature, le calme…
Chez moi c’est là-bas.
Notre vie de nomade est belle aussi, j’y trouve mon bonheur et les enfants s’y épanouissent parfaitement. Pourtant, plus ca va plus j’ai ce pincement au cœur parce que le temps passe et parce que c’est là-bas que j’aurais aimé élever mes petits. Comme si je voulais qu’ils grandissent là où j’ai grandi et que mon petit bout de paradis soit le leur aussi…
Avec le temps, je me fais à l’idée. Je me dis que l’endroit que j’appelle «mon chez nous» n’est pas obligatoirement le leur. Ils ont leur histoire : ma Lili de Québec, mon Elliot d’Ottawa… Pour eux, c’est ailleurs chez eux. Ils planteront leurs racines un peu partout. Ils trouveront leur propre coin de paradis parmi les endroits que nous habiterons et le plus important, ils y seront biens et heureux. Après tout, des enfants heureux, c’est tout ce que je souhaite…