Je m’assois au milieu de la pataugeoire. Baleine échouée. Mon nombril regarde le ciel. La pointe de l’iceberg. J’aimerais flotter, mais le bassin n’est pas assez creux. Tout le monde me regarde.
 
On se plaît à me rappeler qu’y doit ben être à veille de sortir ce p’tit là! Échange de sourires. Dedans, je pleure, je crie. J’ai toujours eu horreur des lieux communs dans mes dialogues avec des inconnus. La politesse sociale. C’est la répétition qui a raison de ma raison. Ça et ma «date d'expiration».

Je veux danser. Je rêve depuis des mois de pouvoir laisser mon corps bouger aux rythmes de la Sala Rossa, un dernier samedi du mois. Mais je ne peux que me trainer, ralentie, alourdie, endolorie.
 
Cette masse qui se dit mon ventre m’est de plus en plus étrangère. Je la déplace avec difficulté et peu d’émotions. Je n’y suis pas encore vraiment attachée. Jugez-moi!
Je sais que ça viendra, quand elle sera enfin hors de moi.
 
Me voilà «passée date». L’accouchement aurait été meilleur avant, mais je peux encore le pratiquer sans risquer ma vie.
 
Bref.
 
J’aurai tout fait pour faciliter ce 2e accouchement. Pas dans le but de défier la nature. J’ai compris à ma première grossesse que c’est mamie qui avait raison : «Un fruit tombe quand il est mûr.».
 
Et il était mûr le fruit de mes entrailles! 9 livres de vie qui n’ont pas trouvé le moyen de bien se positionner pour la grande sortie… à 42 semaines moins 1 jour. Une naissance violente qui m’a laissée avec une symphyse pubienne déchirée, désaxée. Une arrivée théâtrale, à l'image de fiston.
 
J’ai mis des mois avant de marcher sans douleur, malgré une forte médication. J’ai fait le deuil du cododo par incapacité de bouger dans mon lit. Le deuil prématuré de l’allaitement, faute du stress et des médicaments.
 
Je ne me crois pas plus forte que la nature, mais si je peux lui botter l’cul, juste un peu, un p’tit peu, ou même peut-être beaucoup…
 
J’me suis fait une promesse. Je ferais tout en mon pouvoir pour que ce 2e accouchement se déroule mieux. Pour que j’profite de mon bébé et que j’continue d’être capable de m’occuper de mon grand.
 
Tout c’que j’peux, c’est favoriser le bon positionnement du bébé et une naissance pas trop tardive pour un bébé pas trop gros. 
 

  • L’acupuncture, l’ostéopathie, la physiothérapie… tous des spécialistes de grossesses et accouchements. Rien n’y fait. 
  • Les herbes et l’homéopathie. 
  • Les strippings. 
  • Le ménage, les marches, le positionnement, la respiration, le rebozo
  • L’amour. Dans les positions où c’est encore possible. La stimulation des mamelons. Ben oui! 

 
Rien. A-RIEN PANTOUTE.
 
Bébé est gros. Il est mal placé. Le col est haut, long, fermé.
 
S’il ne vient pas d’ici 4 jours, on ira le chercher.
 
Je commence à stresser. J’ai peur que les branches de ma symphyse ne se brisent encore lorsqu’enfin tombera mon fruit...
 
 
Comment avez-vous vécu la fin de votre grossesse?