«Maman, je veux avoir des souliers roses comme Juliette.»
«Maman, je peux avoir un sac à dos avec autre chose que Dora dessus?»
«Maman, est-ce qu’on peut aller au restaurant?»
«Maman, pourquoi on peut pas tout acheter?»
C’était inévitable, rendu à un certain âge, j’ai dû aborder la question de l’argent avec ma fille.
Ange a longtemps regardé le guichet automatique avec respect, persuadée qu’il me donnait des billets parce que je savais mon code, tout bonnement. Même si on en a régulièrement parlé, ça a été un concept difficile à assimiler pour ma poulette de 7 ans qui comprenait seulement en théorie que mon travail me rapporte de l’argent.
Un jour, durant un débat corsé sur l’achat d’un nouveau truc quelconque, j’ai trouvé la bonne manière d’illustrer à ma fille le comment du pourquoi qu’on ne peut pas tout acheter.
« – Mais là, t’as PLEIN de sous, pourquoi je peux pas l’avoir?
– J’ai pas PLEIN de sous, non vraiment pas et le jouet que tu me demandes me couterait environ quatre heures de travail.
-Han?
-Tu sais que je gagne mes sous en travaillant? Si tu veux, nomme-moi des choses que tu voudrais ou que tu sais que j’achète et je vais te dire combien d’heures de travail ça coute.
– Une pizza?
– Environ deux ou trois, dépendamment du restaurant.
– Un livre?
– Environ une ou deux, dépendant du livre.
– Quand tu payes pour la maison?
– Soixante.
– SOIXANTE?
– Oui, pour payer le loyer, je dois travailler environ deux semaines.
– C’est beaucoup!
– Ha bah oui! Est-ce que tu comprends mieux pourquoi je peux pas tout acheter?
– Oui, mais si t’avais vraiment beaucoup d’argent, comme si tu gagnais à la loto, est-ce que tu pourrais me l’acheter?
– Hm pas ça, même si j’suis d’accord que c’est beau. Je trouve pas que c’est utile, t’as déjà plein d’ensembles pour faire du bricolage.
– Ok, mais si t’avais plein d’argent, tu pourrais acheter quand même plus de choses.
– J’suis d’accord que ce serait agréable de pouvoir avoir tout ce qu’on veut, mais en même temps cocotte, on manque de rien : on a un bel appartement, on mange tous les jours, on peut s’acheter des livres et aller manger une pizza ou aller au cinéma de temps en temps, on a vraiment besoin de plus que ça à part des gogosses, tu crois?
– Bin si t’avais plus de sous, on pourrait aller à Disney.
– Pour voyager, faudrait économiser. Mouais, Disney… on pourrait aller à Paris aussi!
– OUUUI, PARIS!»
On a continué à discuter un petit moment et à faire des projets dignes de millionnaires.
Depuis cette conversation, Ange regarde le distributeur avec beaucoup moins d’émerveillement et dit merci avec beaucoup plus de conviction.
Comment avez-vous abordé la question de l’argent avec vos enfants? Vos cocos ont-ils de l’argent de poche et à quelles conditions?