«Un fruit tombe quand il est mûr!» 
-Sages paroles de ma grand-mère, pourtant pas si sage
 
Et moi, pas plus docile, d’avoir tout fait pour accélérer le mûrissement. Jamais personne ne saura si j’y suis pour quelque chose ou si le moment était tout simplement venu, mais le lendemain de ma date de péremption, je perdais mon bouchon muqueux et j'avais quelques contractions.
 
J’ai quand même pas pris de chance. J’suis allée à mon 4e rendez-vous d’acuponcture. J’ai bu d’un trait 500ml de tisane de feuilles de framboisiers et j’ai avalé en même temps mes gélules d’huile d’onagre.
 
C’est au restaurant, en mangeant un pad thaï avec mes hommes, que les contractions sont revenues en force. J’avais faim et j’étais vraiment déçue que mon plat soit aussi mauvais. La nuit s’annonçait sportive; j’aurais besoin d’énergie.
 
Les contractions s’intensifiaient. J’ai sorti les grands moyens... Je faisais l’abeille et j’appelais mon chum pour qu’il m’appuie ses pouces dans l’dos, assez fort pour me passer au travers du corps.
 
C’est dans un cours de yoga prénatal qu’une fille, le genre ben ben zen, avait parlé de l’abeille et de comment ça lui avait suffi pour son accouchement. En gros, l’abeille, c’est gémir. À mon premier, j’pensais qu’elle avait voulu rire de moi… maîtriser des douleurs aussi violentes en faisant bzzzzz?!
 
Mais cette fois-ci, l’abeille et les points Bonapace m’ont permis de terminer mes 10 heures de travail en marchant dans les corridors jusqu’à 10 cm de dilatation. Entre deux contractions, j'pouvais admirer le beau décor et les oeuvres d'art (voir la photo).
 
J’me trouvais ben bonne quand les infirmières venaient prendre de mes nouvelles et que j’pouvais leur répondre en souriant. Trois ans plus tôt, dans exactement la même salle, je n'étais qu'un long cri noyé de sanglots.
 
J’ai commencé à trouver ça moins drôle en poussant. La p’tite abeille ne faisait plus le poids contre le bébé de plus de 9 lb qui voulait me sortir du corps. J’ai hurlé assez fort pour réveiller les morts. J’ai monté encore plus le ton en entendant mon médecin me dire : «Y'a l’air d’avoir une bonne paire d’épaules!». Y'a des choses, parfois, qu’on aimerait mieux ne pas savoir.
 
C’est la peur qu’on aille encore me chercher mon bébé avec une ventouse qui m’a aidée à pousser assez fort pour lui faire voir le monde.
 
On l’a mis sur mon ventre. Mon chum braillait comme un veau. J’oscillais entre la félicité de le voir là, sur moi, en santé, et l’appréhension du prochain point de suture qu’on me faisait sans anesthésie.
 
J’ai réussi à me délivrer de lui. Délivrance qui m’était indispensable pour enfin pouvoir commencer à l’aimer. 9,1 lb de gros love!

Se regarder sans se fatiguerCrédit photo : Caroline Arbour
 
«Tu fais maintenant partie de celles qui savent.»

 
À la naissance de mon premier, c’est dans ces mots d'une sage-femme que j’ai trouvé le plus grand réconfort.
 
Je découvre qu’on apprend chaque fois encore. La violence de la naissance. Les douleurs, la détresse. Mais aussi tout le beau, le chaud, la douceur et la tendresse.

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