Lorsque ma fille quitte pour l’école, le mercredi matin, et que je ne la reverrai pas avant le lundi soir suivant (je vous parlerai de notre système de garde partagée, le 5-2-2-5, la semaine prochaine), je sais que je vais m’ennuyer. 

Les deux premières journées après son départ, je me dis que j’en profiterai pour finir un article qui traîne ou faire des activités qui ne sont pas kids friendly, comme aller (enfin!) prendre un verre avec une amie que je vois trop peu souvent, ou essayer de faire le top 3 du quiz du VV Tavernä. 

Je cuisine des trucs trop épicés pour ma fille, je fais le grand ménage de sa chambre en savourant le fait qu’elle restera intacte quelques jours, je jubile quand je me rends compte qu’on n’a plus de petits jus ou de Ficello dans le frigo et que ce n’est pas grave, J’AI PAS DE LUNCH À PRÉPARER, BOOYA

L’an dernier, une amie (qui n’en est plus une) m’a dit que je n’étais pas une vraie mère parce que j’avais une garde partagée. Une vraie mère, selon elle, c’est une mère qui voit ses enfants tous les jours, qui s’en occupe tous les jours. Une vraie mère, ça n’a pas une garde partagée. Non mais ta yeule! 

Crédit photo : Catherine Gendreau.

Comme si parce que ma fille franchissait le cadre de porte pour aller passer quelques jours chez son père, j’étais une sous-maman! Comme si c’était possible d’être autre chose qu’un parent à 100% à partir du moment où on le devient! Parce qu’on ne se contera pas d’histoire, ici, ma fille, je n’ai pas besoin de l’avoir scotchée à moi sur le divan devant un film d’animation pour la sentir en moi constamment. Pour m’inquiéter pour elle constamment. 

Ça fait plus de 4 ans que je m’ennuie à horaire fixe. Que je sens mon coeur se serrer à l’approche du départ vers son autre maison, que je compte les dodos avant son retour chez moi, que je me ramasse à errer dans le couloir en cherchant à m’occuper durant son absence, que je fais refresh sur Facebook en espérant que son papa aura fait un statut sur elle, aura publié une photo, n’importe quoi. 

Ça fait plus de 4 ans que je suis habituée aux départs. La douleur et l’ennui, par contre, je ne m’y habitue pas. Un peu comme les premiers grands froids d’hiver, ceux qui nous font dire «Ciboire! Me semble que c’était moins frette l’an passé!» alors que non, c’était aussi frette, on avait juste oublié à quel point, chaque départ de ma fille me gèle un peu, «me semble que c’était moins difficile la semaine passée», ben non, c’était pareil, pis ce sera pareil la semaine prochaine aussi. Ce sera pareil pendant des années encore, jusqu’à qu’elle nous quitte tous les deux pour de bon, pour aller trouver une troisième maison où son Papa et moi ne serons pas. Tough luck.

Dans 1 dodo, Frédou revient à la maison. Et vous pouvez êtres sûrs que j'aurai fait le plein de petits jus et de Ficello. 

Que faites-vous lorsque votre enfant est chez votre ex? Craignez-vous les départs ou profitez-vous plutôt au maximum du temps adulte qui s’offre à vous?