Il était une fois mon gars, dans sa tête, dessinant les frontières de l'imaginaire…
 
- Maman! Je veux pas aller à la maison. Je veux aller à LOÉO.
- LO-É-O? C’est où ça mon loup?
- C’est à Mon-éal.
- À Montréal. Okay. Comment on fait pour aller là?
- En marchant.
- Ah oui? Avec qui t’es allé là?
- Avec juste papa.
- Est-ce que c’est le restaurant? Comme l’autre jour avec papa?
- Non. C’est un magasin.
- Ah oui!?! Un petit ou un grand?
- C’est pas le magasin de construction là. C’est un petit… comme ça… en forme de cœur. 
 

Crédit : Caroline Arbour
Loéo, dessiné par le Fils

 

Ni l’homme ni moi n’avons répliqué, en nous disant que ce n'était pas grand-chose. On ne se doutait pas que ce n’était que le début!
 
Fils a visité Loéo pour la première fois, à notre connaissance, vers 18 mois. Au fil de ses confidences, nous en avons appris un peu plus sur ce jardin secret.
 
Loéo est un endroit que Fils visitait quand il en avait envie ou quand il en ressentait le besoin. Parfois seul, parfois avec son père, avec moi ou quelqu’un d’autre qu’il appréciait. Il s’y réfugiait en temps de peine ou de colère. Dans ces moments, Loéo avait beau se situer à « Mon-éal », je le percevais comme si lointain.
 
À d’autres moments, il y emmenait sa personne préférée du moment pour partager sa joie. J’étais chaque fois touchée, émue, lorsqu’il prenait ma main pour me signifier que, cette fois, j’étais l’élue. Car n’allait pas à Loéo quiconque en avait envie. Il fallait un visa et Fils seul avait le pouvoir d'estampiller un passeport.
 
Comme Loéo était un magasin, Fils y faisait régulièrement des achats de choses qu’il aimait : principalement des skateboards, des motos, des patinoires, du chocolat, de la vanille et des gnocchis à la sauce tomate. Je ne saurais compter le nombre de fois qu’il est revenu à la maison, une patinoire dans son sac. On les empilait dans le cabanon et on les ressortait parfois, pour disputer une partie de hockey.
 
Quelques mois plus tard, Fils est revenu de LOÉO accompagné. On a d’abord fait la rencontre de Unku. Puis, Bembé s'est introduit dans nos vies... Je vous présenterai ses amis aux intonations sénégalaises dans mon prochain billet.
 
Y a-t-il des frontières à l’imagination de vos enfants?