« C’est merveilleux des enfants, mais tu es jeune, tu as encore tellement de choses à vivre.»

C’est un peu comme si ton médecin te disait, « Les résultat des tests sont excellents, mais à votre place, je règlerais mes affaires, je dirais à mes proches que je les aime pis je me paierais un voyage avec mes RÉER. »

Quand le hCG dans mon pipi a fait apparaître une barre de trop sur le test, j’ai figé sur place. Du haut de mes 24 ans, j’étais encore étudiante et je travaillais à temps partiel. Je n’avais pas de porte de bureau avec mon nom gravé sur une plaque dorée. Ni de photo de moi dans le a d’Amsterdam, avec un filtre Instagram qui masque pas pire mon hangover.
 
Malgré ma profonde envie d’être maman, j’avais l’impression de devoir choisir entre mes ambitions personnelles et la maternité à un jeune âge. Un jeune âge pour notre époque, du moins. Je me suis assise dans le fond de la douche et j’ai regardé l’eau se jeter dans le drain avec le reste de mes rêves. Je n’étais pas prête à avoir des RÉER. Je n’avais même pas de lave-vaisselle. Comment accueillir un enfant dans un foyer dépourvu de lave-vaisselle ?  

Après mûre réflexion personnelle et de couple, on a toutefois décidé de se lancer dans les couches, moi pour la première fois, lui pour la deuxième. Au plus creux de l’abysse des premiers mois de vie de l’héritier, cernée et à bout, je me suis souvent demandé ce qui m’avait pris. J’anticipais la suite avec l’enthousiasme d’un roadkill sur l’accotement d'la 40.

Le trop plein d’émotions, les amis qui désertent, le besoin de couper des ponts, d’en construire de nouveaux… Avec le temps, je prends confiance en moi, je me permets de recommencer à rêver, parce qu’il est devenu envisageable pour moi d’être plus qu’une mère. D’être une entrepreneure. Se partir en affaire avec un jeune enfant à charge ? Pourquoi pas. #LetsGoCrazy

J’ai donné la vie, mais pas en entier. J’ai donné une bouture toute petite et on grandit ensemble, en parallèle.
 
Je ne peux pas plier bagage du jour au lendemain et aller parcourir l’Asie du sud-est en tuk-tuk. Les choses ont irréfutablement changé. Certains projets sont sur la glace, d’autres sont passés à un niveau de difficulté supérieur. Tout demande plus d’organisation, mais rien n’est impossible. J’ai pris la route scénique, route assurément plus cahoteuse et avec plus d’arrêts pipi, mais on se rend à destination... plus tard, je vous le concède, et possiblement avec un mal de tête, mais avec du doux tout plein le coeur. 

Avoir un enfant ne m’a pas fait avancer en soi, mais ça m’a fait grandir. J’ai vu mes limites repoussées si loin que je me suis découvert une force, une drive qui m’était insoupçonnée. Ça a donné un élan à mes ambitions. Certains ont l’élan inné, d’autres pas.
 
Robert Hooke a découvert la cellule biologique en observant un bouchon de liège sous un microscope qu’il a inventé. Moi j’ai découvert ma voie en nettoyant des petites fesses que j’ai enfantées.
 
La maternité vous a-t-elle aussi donné un élan ?