« As-tu eu ta montée laiteuse ? »

La première fois qu’on m’a posé la question à l’hôpital, 24 heures après mon accouchement, je ne savais pas quoi répondre. Ce n’est pas faute d’avoir fait tous les cours prénataux possibles, du yoga prénatal, des rencontres en couple et d’avoir lu le Mieux-Vivre d’une couverture à l’autre.
 
La réalité, c’est que les premiers jours de l’allaitement, on n’a aucune crisse d’idée de ce qui nous arrive. Et aussi naturel que ce geste puisse être, rare sont les filles qui ne se seront jamais dit au moins une fois : « je n’y arriverai jamais ».
 
Ma montée laiteuse, finalement, je ne l’avais pas encore eue. Parce que quand j’ai fini par l’avoir, croyez-moi je l’ai su! Les deux seins comme des roches, le lait qui coulait à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Et à travers ça, il y a moi qui tente de gérer comme je peux la brassière d’allaitement, les pads, les débarbouillettes et le tire-lait manuel qui ne fonctionne pas.
 
Constat : j’avais mal! Ma fille me prenait le sein depuis à peine deux jours et les orteils me viraient vers l’intérieur dès que je l’approchais pour boire. « C’est ta position, le problème », « Met une goutte de lait, ça va guérir ». Tous ces conseils répétés mille fois, mais qui dans ma tête résonnaient comme du vent parce que je ne voyais pas le bout.

Autre constat : elle avait beau téter juste d’un côté, les deux seins produisaient en même temps. Alors là, entre un jeu de contorsion pour gérer le pad d’allaitement, la petite débarbouillette, la serviette d’eau chaude pour éviter l’engorgement. Bref, huit bras ne seraient pas de trop pour gérer l'écoulement sans interrompre le boire.

 

Crédit: Boum / boumeries.com

Je me souviendrai toujours de cette fois où j’ai offert le sein à ma fille qui le réclamait et qui a bu trois petites gorgées avant de se rendormir. L’ennui, c’est que je venais de produire du lait pour nourrir un régiment. Incapable de ne pas en mettre partout, j’ai simplement retiré mon chandail et je suis allée m’installer au-dessus du lavabo. Je suis restée là pendant 20 minutes à attendre que ça finisse de dégoutter.
 
« Ça n’a aucun sens! Je ne peux pas tougher six mois comme ça », m’étais-je dit.
 
Eh bien, j’aurai fait mieux que ça!

J’ai réussi à allaiter ma fille pendant un an. Parce qu’au final, on finit par la pogner, la twist ! Et rapidement à part ça!
 
C’est en allant visiter ma bonne amie et son tout petit poupon à l’hôpital, il y a deux semaines, que je me suis remémorée l’état d’esprit dans lequel on se trouve les premiers jours de l’allaitement. À travers ses yeux, je revoyais le classique sentiment du « WHAT THE FUCK », et ça m’a fait sourire.
 
Je n’ai trouvé rien d’autre à lui dire que : « donne-toi quelques semaines et tu verras que c’est plus facile. Lâche pas, ma belle. »

Pour celles qui ont choisi d'allaiter, comment avez-vous vécu les premiers jours de votre allaitement?