Enceinte de mon premier bébé fille, j’étais tombée amoureuse d’un prénom: Raphaëlle. Je trouvais ça doux et caractériel à la fois. Je l’avais proposé (un couteau à la gorge) à mon chum. Il a détesté.

Mon amoureux et moi, nous nous aimons profondément. Nous avons les mêmes valeurs et les mêmes convictions. Mais, God qu’on n'a pas les mêmes goûts! Il est du genre plutôt classique. Moi, j’aime quand ça sort de l’ordinaire.

Tout le long de ma grossesse, je lui proposais des noms, mais en me disant qu’il allait succomber à Raphaëlle. Finalement, nous ne nous sommes jamais entendus. Notre bébé est né et n’avait toujours pas de nom après 2 jours de vie.

J'avais demandé à mon amoureux de cocher les noms qu'il aimait parmi ma liste.
Evidement, aucun « check » à côté du nom Raphaëlle.
Crédit : Caroline Giroux

 

Juste avant notre sortie officielle de l’hôpital, j’ai craqué sous la pression.

Le chum: Bon, j’ai rempli tous les papiers du Gouvernement. Mais il reste une question à remplir avant de sceller l’enveloppe.
Moi: Ok, laquelle?
Le chum: Nom de l’enfant.
Moi, exténuée mais confiante: Raphaëlle?!
Le chum: ………..
Moi, ne me sentant plus la force et jetant les armes:  Bon, Stella d’abord?
Le chum : Oui, ok, Stellâââ.

Juste le fait qu’il ait prononcé le nom en joual me levait le cœur. Aucun respect pour le «A» qui donnait toute sa féminité au prénom.

Il restait le 3e nom sur la liste… Emy? Ben oui Emy, c’est ben correct.

Je n’avais juste plus d’énergie pour ça. Je venais d’expulser un petit être humain. J’étais crevée. J’apprivoisais la nouveauté de la maternité. J’avais les mamelons en feu et les deux yeux dans le même trou!

Quelques jours plus tard, le baby blues a embarqué. Je me suis réveillée un matin en panique: JE N’AI PAS APPELÉ MON BÉBÉ COMME JE VOULAIS! Le drame! IL a choisi! Je ne lui pardonnerai jamais. Comment j’ai pu laisser faire ça? Après tout, c’est moi la mère! On s’entend que j’ai fait le plus gros du travail, cette décision me revenait all the way!

Le drame toé chose!
Crédit : giphy.com

Un prénom, c’est important. Ça définit une personne. J’ai toujours envié les gens qui ont un nom original ou peu commun. Comme si ça les rendait plus spécial et unique. Disons que moi, à l’école, je me sentais assez ordinaire quand je devais ajouter mon nom de famille pour m’identifier parce qu’il y avait quatre Caroline dans la classe.

Ça a fini par passer. J’ai relativisé. Je ne pouvais pas non plus forcer le papa à donner un nom qu’il déteste à son enfant.

Après réflexion, notre prénom ne nous définit pas. Bien au contraire. C’est notre personnalité qui le rend unique. La preuve: notre prodigieuse québécoise qui est allée dans l’espace s’appelle JULIE. On s’entend-tu qu’elle a redonné ses lettres de noblesse à un des noms les plus populaires des années 80!

Une chose dont je suis certaine, c’est que ma Emy est ma personne spéciale à moi. Et quand je pense à elle, je ne pense pas à son prénom, mais plutôt à la petite fille pleine de douceur, de bonté et de sagesse.

Est-ce que je suis la seule à qui c’est arrivé?