Suite à un accouchement problématique lors duquel ma mini a manqué d'oxygène et à l'hospitalisation qui a suivi, j'ai vécu 4 mois de déni. Je m'étais convaincue que mon bébé n'aurait pas de séquelles. Cet épisode d'espoir aveugle s'est achevé par des tests auditifs qui ont mené à un diagnostic de surdité modérée permanente.

Une nouvelle comme celle-là, c'est faire le deuil de l'enfant parfait. C'est avoir un enfant considéré comme handicapé. C'est aussi avoir peur pour son avenir, craindre les retards d'apprentissage et appréhender les railleries des petits camarades.

Cette nouvelle m'a apporté des moments de découragement et de tristesse et j'ai continué de vivre dans le déni un petit moment, en me disant que visiblement elle entendait (parce qu'elle n'est pas totalement sourde), que j'irais demander l'avis d'autres audiologistes et en négligeant (un peu) de lui mettre ses appareils auditifs.

Afin de m'aider à mieux vivre avec la situation, je me suis demandé ce qui me posait problème avec les problèmes auditifs de ma mini. J'en suis arrivée à deux réponses. 

Premièrement, évidemment, l'idée qu'elle éprouve des difficultés d'apprentissage du langage et de l'écriture générait chez moi beaucoup d'angoisse et de frustration.  Deuxièmement, et j'ai honte de l'avouer, je devais aussi accepter que l'apparence de ma fille ne serait pas  « parfaite » à cause des appareils auditifs... Déjà que je n'ai jamais accepté mon apparence physique, je devais maintenant accepter celle de ma fille. Je sais, je sais, ce ne sont pas des pensées très nobles. Mais ça me contrariait vraiment que les appareils soient aussi apparents : tout le monde saurait qu'elle avait une déficience auditive...

Eh bien, ma fille m'a permis de me dépasser encore une fois. Non seulement après avoir pris conscience du fait que l'apparence des appareils me dérangeait, j'ai réussi à dédramatiser, à accepter et même à trouver ma fille cute avec. J'ai l'impression que pour la première fois de ma vie, je commence à accepter mon corps que je hais depuis toujours.

L'apparence avait depuis longtemps une importance capitale pour moi. À 33 ans, il était donc plus que temps que je comprenne qu'elle ne se contrôle pas nécessairement de la façon désirée et que même si un certain idéal physique est atteint, cela n'est en aucun cas un gage de bonheur 
 

Crédit : Andréanne M.Lapointe
 

L'acceptation de la surdité de mon bébé de 7 mois est un work in progress et je reste très sensible aux commentaires impertinents #DesGens lorsqu'ils aperçoivent ses appareils. J'aurais voulu qu'elle soit normale (je hais ce mot!), d'abord et avant tout pour elle. Maintenant j'ai compris. Elle n'est pas normale, elle est spéciale! Et c’est ce qui la rend unique et parfaite!