Belle-maman,
 
Dès le premier jour, j’ai su que notre relation serait tumultueuse et tu me l’as bien rendue. J’ai vu tout l’amour que tu portais à ton fils chéri et le chemin que je devrais parcourir pour en être digne à tes yeux. J’ai eu peur de l’intensité.
 
Tu n’as cessé de répéter à qui voulait bien l’entendre que personne ne serait jamais assez bien pour ton fils. En ma présence. Souvent.
 
Puis est venue la grossesse où tu as appris que tu aurais enfin un petit-enfant. Et que j’en serais la mère, moi, l’indigne de ton demi-dieu. Ce jour-là, je suis devenue la mère porteuse de TON bébé.
 
Ça a été très difficile. Tu nous donnais des conseils dignes des années ’20. Tu nous rabattais les oreilles avec des « MOI, mes enfants… » et des « MOI, dans mon temps… ». Nous ne voulions pas savoir le sexe, nous ne voulions personne à l’hôpital pour l’accouchement et ça ne faisait pas ton affaire, parce que TU avais fait ça différemment et que c’était TON bébé, après tout.
 
Ça s’est vite transformé en chantage, en « si c’est comme ça, je ne lui achèterai jamais rien » et en « je crois que tu n’es pas prête à être une mère, ce n’est pas normal ». Tu étais de plus en plus intrusive, tellement que ton propre fils ne voulait plus qu’on aille chez toi parce qu’il ne pouvait plus le supporter.
 
Puis notre bébé est né, c’était le plus beau du monde. Tu as été la première à venir le voir dans la chambre et tu es tombée en amour, avec raison. S’en est suivi une autre tralée de judicieux conseils d’une autre époque, de coups de téléphone, d’envie de nous voir plus souvent, de pression... J’en ai eu assez.
 
Je devais protéger ma famille et arrêter tout ça avant qu’il ne soit trop tard. Avant d’atteindre le point de non-retour. C’est ce que j’ai fait et ça n’a pas été de tout repos.
 
Mais ça a été bénéfique pour notre famille. TOUTE notre famille.
 
Aujourd’hui, tu es la première personne à laquelle je pense quand j’ai besoin de quelqu’un de confiance pour prendre soin de mon bébé. Tu es très présente dans notre vie et je n’y changerais rien. Je sais que nous avons eu un dur parcours, mais la communication est la clef. Même si ça a été difficile pour tout le monde de mettre les points sur les «i», nous pouvons maintenant laisser le passé derrière nous.
 
Je sais que tous tes agissements passés, présents et futurs sont motivés par l’amour que tu portes à ton enfant et au sien, qui se trouve aussi à être le mien. Nous sommes désormais liées pour la vie par les deux hommes les plus merveilleux que qu'il nous ait été donné de rencontrer et je suis heureuse que ce soit TOI la grand-maman de mon demi-dieu. Maintenant que j’ai mis au monde mon enfant, je comprends (un peu) ce que tu as pu vivre face à nous et je m’excuse de ne pas avoir été plus indulgente. J’espère pouvoir me rappeler de ce que nous avons vécu quand je serai à ta place, dans plusieurs années.
 
Je te remercie d’être qui tu es et pour tout ce que tu fais pour nous,
 
Je t’aime.