Il paraît que les femmes pensent moins au sexe que les hommes. La légende veut que les détenteurs de pénis aient des pensées érotiques aux sept secondes. Sept secondes! Même Anne-Marie Losique trouve ça exagéré.

Il faut dire que j’ai un malaise avec les généralisations. Il y a des humains davantage portés vers le sexe, d’autres moins, naturellement. Pourtant, la sexualité de la femme demeure bidimensionnelle : elle est soit nymphomane ou asexuelle. Tout ce qui se trouve entre les deux est aussi mystérieux que le clitoris dans les années 20. 

Un certain Fisher d’une université en Ohio a publié une étude affirmant que les hommes pensent en fait au sexe aux heures ; les femmes aux deux heures (‘voyez messieurs, même nos pensées torrides prennent le double du temps à venir). Les principales raisons pour lesquelles une femme penserait moins au sexe : le manque d’estime et/ou la conviction qu’une femme doit moins penser au cul que le sexe opposé.

Autrement dit, on y pense moins parce qu’on est fuckées dans la tête un peu. Les hommes se tuent à répéter que ce qui rend une femme irrésistible, c’est son assurance. Intérieure, là, pas dentaire. Ce qu’elle exhale. Mais comme de coutume, on refuse de les croire pis on pleure avec un crayon sous chaque toton. 

murrbrewster.blogspot
Ou un balai. 
Crédit : murrbrewster

Depuis mon entrée dans la blogosphère – dix ans après le quidam moyen – j’ai rejoint quelques groupes de mamans blogueuses où on se dévoile comme si la charte des valeurs avait été adoptée. 
Mine de rien, la sexualité, une fois parent, c’est une autre game, régie par des règles nébuleuses. Nous n’avons pas toutes l’air de Kim K après avoir accouché (on n’a pas le même chirurgien non plus, hein) et les insécurités reliées au mou postpartum, ou au mou tout court, ne donnent pas envie de se pavaner dans sa tenue d’Ève. 

Dans les groupes de mamans, disais-je, on parle de maternité comme d’actualité en passant par le dernier d’unetelle qui a mis ses crottes de nez dans le souper qui mijotait. Rien n’est tabou, pas même ce qui sort des fesses, non plus ce qui peut ou ne peut pas y entrer. 

On parle de sexe sans aucune obscénité, avec honnêteté, humour et beaucoup de rouge. Toutes n’y participent pas, toutes ne se dévoilent pas non plus. Pour certaines, la sexualité reste sous la couette, pour d’autres, elle est accessoire et c’est correct aussi. Nous échangeons dans le respect des réalités diverses. 

Mais à force d’échanges et d’observation, j’en suis venue à une théorie voisine de celle de Fisher (l’auteur de l’étude, là, suivez donc), à savoir que si l’on pense vraiment moins au sexe en moyenne, c’est surtout parce qu’on y pense tout croche. On réfléchit trop, on doute de tout. Soit on a de la misère à s’abandonner, soit on en a déjà eu. On baise comme on fait des pâtes, en angoissant sans cesse à l’idée d’en faire trop ou pas assez. Je doute que les hommes se cassent autant la tête, ce qui leur donne le loisir de penser à un fessier séducteur en toute désinvolture.

En l’espace de quelques semaines, au fur et à mesure que les barrières tombaient et qu’on échangeait naturellement sur la sexualité, la libido ainsi que le ratio de conjoints (et conjointes!) de blogueuses mystifiés - mais satisfaits - sont montés en flèche. Les discussions soft sexu entre filles ont aussi ouvert la porte à des discussions érotiques de couples. Parler, ça fait du bien, ça aide à apprivoiser le mou et à se retrouver en tant que femme-qui-est-pas-juste-maman.

Léa Desbiens

Crédit : Léa Desbiens

Alors un dernier conseil pour la route, messieurs, la prochaine fois que votre douce passe beaucoup de temps à jaser sur internet avec une gang de filles, servez-lui un verre de rouge et soyez réceptifs. Parce que si vous manquez le bateau, apparence est qu’il vous faudra patienter deux heures. Pis ça, c’est si un pipi au lit, une gastro ou Morphée ne lui fait pas jeter l’ancre à mi-chemin.