J'ai pu d'vie.

En fait, oui, j'ai une vie. Mais pas comme avant l'arrivée de mes enfants.

T'sais, « la vie avant l'arrivée des enfants », celle où aller au dépanneur était une affaire de rien : tu mettais tes shoes, tu prenais ton porte-monnaie pis t'essayais de ne pas oublier tes clés. C'est en habillant deux tannants non-coopératifs pour aller chercher une fuckin' pinte de lait que j'me suis dit : « Hey man. As-tu idée du nombre de nicetés que t'aurais pu trouver dans les gossettes de ta vie sans enfant? ». 

Puisqu'il m'apparaissait inutile d'épiloguer sur le passé, je me suis concentrée sur le présent. Voici ce que j'ai trouvé.

GOSSETTE : Après plus de six ans de reproches, mon chum n'éteint ni la télé, ni les lumières avant de quitter l'appart'.
NICETÉ : Une fois les enfants et le chum dans la voiture, je dois tout éteindre. Ça me prend trente-six secondes. Trente-six secondes où je vis en jeune fille ; trente-six secondes À MOI, trente-six secondes où je vis comme si y'avait pas de lendemain.

Pour vrai. J'en suis rendue là pour faire passer le message!
Crédit : Marie-Ève Saucier

 

GOSSETTE : Ces méga envies de caca qui font de moi une prisonnière de la salle de bain.
NICETÉ : La porte de ma salle de bain est la seule que je verrouille sans remords. Mes foufounes qui touchent le bol, c'est moi qui reprends mon indépendance. Je me retrouve. Je fais le point sur ma vie. J'me permets de me demander « Hey, Marie-Ève. Comment tu vas? ». PIS J'ME RÉPONDS. J'me réponds beaucoup, guys. Tellement que les « MAMAN, MAMAN, MAMAN, MAMAN, MAMAN! » de Livia ne sont qu'un bruit de fond dans la trame sonore de ma vie. Appelez la DPJ si vous voulez, mais j'avoue avoir déjà posé ma tête sur la porte car les vibrations de sa voix me procuraient un agréable massage crânien.

Crédit : Enzo/Youtube
 

GOSSETTE : Les vieilles taches de sauce à spag' sur mes t-shirts.
NICETÉ : Ma salle de lavage est au sous-sol. Livia, qui insiste toujours pour m'y accompagner, n'a pas le droit d'y aller sans pantoufles. Je descends en vitesse et l'entends demander à son père de lui donner ses pantoufles, lui crier qu'elle veut les mettre toute seule, hurler car finalement, elle a besoin d'aide, rire car « ses pantoûûûfles sont grôles », se rappeler qu'elle voulait me rejoindre au sous-sol, ouvrir la porte, descendre... Pendant ce temps, moi j'suis comme « Aaaaah yeah, je combats les taches, Piou! Piou! Piou! Jet de détachant dans ta face, tache!». Bref, pendant quatre minutes, je suis un Super Héro Anti-tache qui a cinq ans et demi d'âge mental. Lorsque Livia arrive en bas, je suis dans mon rôle pis on a ben du fun.

Je me relis et je réalise que, bien que j'aie tripé dans ma jeune vingtaine, je n'étais pas consciente du potentiel de coolness contenu dans des trucs aussi simples et gossants qu'une tache, une diarrhée et un conjoint récalcitrant.

Suis-je une bonne vivante? Est-ce que mon équilibre mental est en train de crouler sous le triste poids de la fuite du bonheur passé? Whatever man, la couche d'Albert est pleine et je suis en quête de nicetés. KBYE! Piou! Piou! Piou!

Dans quelles gossettes avez-vous trouvé du beau?