T'as du sable où?!

Dans le vagin! Oui, oui, dans le vagin! Parait que lorsqu’une femme est fâchée pour rien ou qu’elle s’offusque sur un sujet, c’est parce qu’elle a du sable dans le vagin. C’est chic, hein!

C’est pourtant une expression que je vois quotidiennement fréquemment sur certains groupes de mamans Facebook ou dans les commentaires de blogues sur la maternité. Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas née d’hier. J’avais déjà entendu cette expression franchement douteuse par le passé, mais je croyais fermement que seuls les crétins sexistes l’utilisaient.

Je suis tombée sur le cul pas mal fort quand je me suis rendu compte que des mères l’utilisaient les unes envers les autres lors de discussions sur des sujets qui divisent.

• Une maman trouve que commencer les céréales à 3 mois, c’est correct et défend son point : elle a du sable dans le vagin (lire, elle est frue).
   
• Une autre ne comprend pas l’intérêt de publier des photos de son enfant sur Facebook et explique ses raisons : vagin sablonneux (oui oui, ça se décline cette expression-là!).
   
• And on, and on. Toutes les raisons semblent légitimes pour s’insulter l’organe.

J’aimerais tellement dire que ces exemples sont inventés, que ces mots ne sont pas réellement employés. Et pourtant, ils existent et sont malheureusement utilisés plus souvent qu’on ne pourrait le croire. Mes yeux saignent chaque fois que je lis ça. Mon coeur et ma fierté de femme aussi.

À l’origine, cette expression peu édifiante était lancée aux femmes qui défendaient le mouvement féministe et le droit des femmes. Lorsque ç'a été repris dans South Park, #lesgens se sont approprié l’expression pour la garrocher à vents et marées. Des gars se lançaient ça par la tête, insinuant qu’être irrité pour rien est une affaire de femmes (parce que disons-le, un vagin, ils n’en ont pas!). Bref, cette expression n’a toujours eu comme seul objectif que de dégrader la femme. Et maintenant, ce sont des femmes qui l’utilisent l’une contre l’autre. Fou de même!   

Tout ça m’attriste et me fait un peu peur à la fois. D’une part, des gros efforts sont mis à démystifier la culture du viol et à inculquer le respect de femmes à plusieurs niveaux. D’un autre, je suis entourée (virtuellement) de jeunes mamans  qui n’arrivent pas à voir le problème avec ces mots. Et watch out, tenter de leur faire comprendre le sens réel de cette expression, c’est risquer de se faire traiter de frustrée sexuelle, de désert vaginal et de recevoir de jolis montages photos…

Je pense à ces enfants qui grandiront en entendant probablement des discours du genre et ça ne me donne pas trop confiance pour l’avenir. Il reste encore pas mal d’éducation à faire. Souhaitons seulement que le message finisse par passer parce que ces simples mots sont peut-être la pointe d’un iceberg beaucoup plus gros qu’on ne pourrait le croire.

Aviez-vous déjà entendu cette expression? Dans quel contexte?