Après l'annonce du diagnostic de notre fils, j'ai boudé Facebook.
 
Afficher sur les réseaux sociaux qu'on a un enfant handicapé, c'est s'exposer à un surplus d'émotions. Certains ont mal pour nous, d'autres ont de la peine, certains nous encouragent et d'autres nous comprennent. Mon chum et moi étions trop fragiles et trop peu en contrôle sur la situation pour s'infliger cette épreuve.

 Crédit : Giraldof

 
Pourtant, j'avais un désir immense que les gens regardent mon fils avec mes yeux. J'avais envie qu'on le trouve beau avec ses yeux en amandes. Lui qui adore les photos, j'avais envie de montrer à tous ses sourires qui passaient trop souvent inaperçus. Et j'avais peur, terriblement peur des commentaires blessants.
 
J'ose croire qu'une partie de mon deuil s'est réellement fait à partir du moment où j'ai cliqué
« publier » sur un statut de la trisomie de notre fils. Le jour où j'ai annoncé à mes 500 quelques amis que notre maison accueillait un enfant avec des besoins particuliers a été le jour où j'ai arrêté de me cacher.
 
 
BAM! Ma boîte de notifications a explosé!

 
Crédit : Giraldof

 
Je n'ai absolument rien vu venir de toute cette dose d'amour. Et... ça m'a fait du bien. Étrangement, je me suis sentie normale. Je me suis rendu compte que j'avais besoin de ces « j'aime ». La plupart du temps, je n'ai personne à qui me comparer et n'ai pas réellement de gens qui comprennent notre quotidien, alors avoir autant de beaux commentaires sur toutes les photos que je publiais et sur l'évolution de notre fils me rendait plus forte.
 
Nous avons continué la photo. Nous avons même, sans attente, procédé à des shootings de plus en plus importants. Facebook est devenu un outil dans notre acceptation de tout cela. Il y avait sur le Web, plus de tabous à briser que je ne l'aurais cru.
 

 
Crédit : Zoom studio photo
 

Plus on le voit lui, plus j'ai l'impression que l'on se bat pour l'acceptation de la plus belle des manières qui soit. Moi qui me croyais superficielle, je me suis rendu compte que j'étais finalement en train de construire pour mon fils un monde plus ouvert, plus réceptif à la différence. Je suis en train de lui bâtir une estime suffisamment forte. Plus tard, il ne pourra jamais douter de sa place parmi nous.
 
Qui a dit que Facebook était toujours négatif? Pour notre part, ces « likes », ces « j'aime » et ces commentaires étaient la tape dans le dos qui nous félicitait de ne pas nous cacher et d'oser en parler. Oser montrer à quel point tout ça n'est pas une question d'images parfaites, mais plutôt la vraie vie, la nôtre.
 
Facebook m'a apporté la tribune TPL Moms et m'a fait rencontrer des gens de la mode québécoise. Facebook m'a fait rencontrer une gang de parents beaucoup trop géniaux qui, comme moi, ont un enfant différent et aussi des gens pas comme nous qui parleront de nous à leurs enfants.
 
C'est grâce à Facebook qu'aujourd'hui, je parle plus facilement de la trisomie de mon fils, je ne me cache plus d'être la maman d'un enfant différent. Je suis maman et, comme toutes les autres, je donnerais ma vie pour que la sienne soit plus facile.
 
Merci Facebook, merci à TPL Moms, aux parents d'enfants trisomiques de ma page de soutien, merci à ma famille, mes ami(e)s , mon homme et surtout mon ti-homme, il y a un peu de vous tous dans notre belle histoire d'amour.

 Crédit : Stephanie Mantha (entrevue pour La voix de l'Est)

 
Est-ce que Facebook a eu un impact bénéfique sur votre vie de parent?