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Non à la violence : quand l’abus psychologique fait aussi mal que des coups de poing.
Crédit: Binomialphoto/ Flickr

Longtemps j’ai cru que j’étais une innocente, une vraie.
 
Dans notre p’tite famille de quatre, mon père, c’était LUI le boss.
C’était LUI la personne importante qu’il fallait écouter, fallait le respecter.
 
Aujourd’hui, je me demande s’il sait c’est quoi lui, le respect.
 
Mon père, longtemps il a été mon idole, mon premier « amour », le premier homme qui a fait partie de ma vie.
 
Je lui faisais confiance, tellement confiance. TROP confiance. Tellement que j’ai cru tout ce qu’il me disait.
 
Que ce soit de me dire que la deuxième personne la plus importante pour moi n’avait en fait jamais voulu de moi, jusqu’aux commentaires qui touchaient mon apparence. C’était toujours dit avec classe et pour mon bien.
 
« Brosse-toi les cheveux plus souvent et tu vas finir par être aussi belle que ta cousine. »
« Force-toi plus à l’école et tu ne te feras pas dire que ta cousine est meilleure que toi. »
« Veux-tu qu’on te fasse arranger les dents c’est pas b’en beau, ça te ferait un plus beau sourire. »
« Fais pas ça comme ça, c’est un peu cabochon. »
« Tiens-toi l’dos droit sinon tu vas avoir le dos croche et personne aime ça une fille avec le dos croche. »
« Voyons t’es donc ben innocente! »
 
Au début, ce n’était pas grand-chose. Des p’tits inside qui ont agi sur mon estime personnel, surtout sur la confiance que je pouvais avoir en moi.
 
Au fil des années, j’ai perdu confiance en moi, j’ai cru que je n’étais pas assez belle pour plaire, que je n’étaits pas assez bonne pour avancer toute seule, que j’avais besoin de LUI parce que c’était mon père. Que j’étais dépendante de lui.
 
J’avais cette pression de la perfection, tout ça pour être un tant soit peu à la hauteur à ses yeux. Pis de l’autre côté y’avait ma mère, cette relationnelle que je n’ai JAMAIS écoutée.
 
Non, mais elle était qui elle pour me dire le contraire de mon père, pour défier sa parole?
 
« Voyons! C’est un enfant! »
« Elle est belle telle qu’elle est! »
« Arrêtez de la comparer, ça ne l’aide pas »
 
Mon père m’a toujours dit « Ne va pas voir ta mère quand tu as quelque chose à me demander, elle ne comprend pas. Viens me voir pis on va s’arranger ensemble ma belle. »
 
C’est ce que j’ai fait.
 
Les années ont passé pis pour plein de raisons, mes parents ont divorcé. Ma mère, elle est partie.
Ma mère avait mal et croyait à tort que personne ne l’aimait. Moi en premier de tout.

Mais je ne pouvais pas « abandonner » mon père.
 
« Tu ne peux pas t’en aller. Tu ne peux pas me laisser seul. Je vais faire quoi moi si je suis tout seul? Reste, tes amis sont ici, là-bas tu ne pourras rien faire et de toute façon, je te comprends
moi. »
 
Je suis restée.
J’ai pris la place de ma mère.
J’ai mangé les coups psychologiques à sa place.
 
Je suis devenue la responsable de son mal. La responsable de la séparation. Si j’avais écouté ma mère, elle ne serait jamais partie, à cause de moi, il devait travailler jour ET nuit pour payer sa criss de maison, pour me nourrir, pour que je continue d’aller à l’école, pis pour payer sa pension. J’étais sa coupable, sa responsable. Je portais ses fautes et ses erreurs sur mes épaules.
 
Pour ça, j’allais devoir l’aider.
Faire les soupers, faire le lavage, faire le ménage.
Je devais l’aider et je ne devais pas rouspéter; après tout c’était mon père, je lui devais bien ça.
 
« Ton attitude a gâché notre famille. »
 
J’avais 11 ans.
 
J’ai appris à fermer ma gueule pis à obéir. Tel un chien qui obéit à son maître.
 
Pendant ce temps-là, mon père travaillait et quand il aurait eu le temps de passer un moment avec moi, il allait prendre sa bière au bar. Pis le lendemain, il m’amenait magasiner ou il m’achetait des souliers.
 
ÇA c’est mon erreur, j’ai embarqué là-dedans, j’ai accepté ce qu’il me donnait en échange de fermer ma gueule pis d’obéir, t’sais. Lui devoir quelque chose. Mon père, sa plus grande confiance est en son argent. Avec ça, il a tout. Le désir matériel pour faire plaisir et pour garder près de lui.
 
Ç’a été long. TRÈS long avant que je le comprenne.
 
En fait, ça fait 2 mois que je l’ai compris. Après qu’il m’ait balancé un « Ma p’tite tabarnak » par la tête, le dernier. Pis aujourd’hui, j’ai encore ce goût amer dans la bouche. Quelque chose que je n’oublierai pas, quelque chose que je ne lui pardonnerai pas.
 
Aujourd’hui, je commence à sentir que je vais bien, mais je suis encore chambranlante.
Je marche la tête haute, mais ma confiance en moi est pas mal abîmée.
Pour la première fois dans ma vie, je reste moi-même avec moi et envers les autres.
Je délaisse tranquillement le déguisement que j’ai porté si longtemps.
Je suis honnête envers moi-même.
Je me crois. Je crois en moi.
Je n’ai plus besoin de me cacher.
Je n’ai plus besoin de plaire à autrui.
Sauf que c’est dur, vraiment dur et ce n’est pas à tous les jours que je trouve la force.
Il m’arrive encore de me rabaisser ou de croire qu’on ne m’aime pas.
Que je ne suis rien dans la vie de personne.
 
Y’a des jours où je me sens comme une p’tite fille, la p’tit fille de 11 ans qui a toujours cru que tout était de sa faute…
 
Parce que la violence, qu’elle soit physique ou psychologique, laisse autant de traces et de mal.
 
#NonÀLaViolence.

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