(Lire la partie 1)

L’une des premières choses que mon chum m’a mentionnées lorsqu’on s’est connu, c’est que ses parents étaient en chaise roulante. Il voulait s’assurer que je ne fasse pas le saut au moment de les rencontrer. Même si pour lui, c’était sa réalité, il se doutait bien que ce n’était pas la mienne et voulait tout simplement éviter de créer un malaise. 

Sa réalité m’a souvent intriguée, surtout plus jeune. Qu’est-ce que ça pouvait bien faire de grandir avec deux parents handicapés? Dans mon dernier article, je vous racontais le point de vue de mes beaux-parents, les défis auxquels ils ont dû faire face en raison de leur condition.

Aujourd’hui, je vous offre l’autre côté de la médaille, celui de l’enfant.

Premièrement, pour mon chum, il a toujours été clair que sa jeunesse se comparait à celle de tous ses amis, à la seule différence que ses parents ne marchaient pas comme les autres.

Il a fait un programme de ski études, du vélo de compétition, des cabanes dans les arbres, du quatre roues, du soccer et trop de sports extrêmes. En fait, probablement qu’il a essayé plus d’activités que la moyenne des enfants, ses parents ne voulant absolument pas le brimer en raison de leur condition. Leur devise : ce n’est pas parce que nous ne pouvons pas le faire que lui ne le fera pas. 

Crédit : Archives familiales de mon chum.

Mon copain ne compte plus les fois où il a entendu des gens de son entourage demander à ses parents : pourquoi vous le laisser faire toutes ces cascades? Vous n’avez pas peur qu’il se blesse et reste handicapé? Comme si le risque était plus grand pour lui que pour un autre enfant.

En fait, la plus grande différence avec des enfants de parents « piétons » est ailleurs. Pour mon copain, grandir avec des parents handicapés, c’était :

  • Savoir monter et démonter une chaise roulante plus facilement que d’arranger une chaîne de vélo déraillée.
     
  • Apprendre à pelleter vraiment jeune. Parce que si la voiture prend le clos dans une tempête, une seule personne est en mesure de pelleter pour la sortir : lui.
     
  • ​Découvrir qu’il y a toujours une manière alternative de faire les choses. La méthode la plus évidente n’est pas nécessairement la seule.

C’était aussi : 

  • Développer une grande sensibilité aux situations difficiles que les personnes à mobilités réduites vivent tous les jours : les stationnements, les entrées non accessibles, les chaînes de trottoir, etc. Il les voit PARTOUT et aide TOUJOURS ceux qui en ont besoin.
     
  • Apprendre que la différence, c’est beau et que ça doit être accepté et valorisé.
     
  • Savoir qu’il ne faut pas se fier aux apparences pour juger des capacités de quelqu’un.
     
  • Être aux premières lignes pour voir ce qu’est la vraie persévérance, la volonté de surmonter les épreuves et de se réaliser.

Mais surtout, pour lui, grandir avec ses parents, dans le contexte particulier qu’était le leur, c’était découvrir à quel point ils étaient des héros, des vrais battants et une source d’inspiration inépuisable. 

Quand je vois mon petit Benjamin, du haut de ses 18 mois, si à l’aise autour des chaises roulantes, ça me remplit de joie. Mon fils a la chance de pouvoir grandir en découvrant la différence au même titre que la « normalité ». Pour lui, ça fera partie de sa vie et il en sortira encore plus riche, j’en suis certaine. 

Avez-vous des gens handicapés dans votre entourage? Que vous ont-ils appris?