Je suis née à Québec et j’ai grandi sur le Plateau. Plus jeune, je ne m’aventurais que très rarement à l’ouest de St-Laurent parce que ça me semblait être un autre monde. Un monde hostile. 

Je me souviens que dans l’autobus au secondaire, il y avait souvent un groupe de filles d’une école anglophone. Elles me semblaient méchantes et parlaient beaucoup trop fort en disant toujours «Oh my god! »
 

Crédit : giphy.com
 

Bref, je n’étais pas très attirée par la culture anglo ou du moins par l’image que j’en avais, et on ne peut pas dire que j’ai vraiment carpe diem quand j’aurais eu la chance de parfaire la langue de Don Cherry. 
 
J’ai commencé à me déniaiser un peu après m’être tapée toutes les séries, de Seinfeld à House of Cards, en anglais parce que mon chum m’aurait probablement laissée si j’avais continué à écouter des traductions.
 
Je comprends donc l’anglais parfaitement, mais je me sens un peu comme comme si j'avais un locked-in syndrome quand vient le temps de le parler.
 

 Crédit : blindgossip.com

Ce n’est pas ce que je souhaite pour mes enfants, alors j’ai pris la décision de les envoyer tous les étés dans un camp de jour anglophone jusqu'à ce qu'ils me disent à 15 ans : « Mange de la m*rde, je vais plus au camp »... Mais en anglais.

Parce qu’apprendre une langue, c’est comme apprendre à conduire, c’est moins épeurant quand tu commences jeune. (J’ai passé mon permis à 29 ans et je rentre encore sur l’autoroute en me disant que je vais mourir. #yolo)
 
Malgré quelques petits vertiges du genre : « Mais, maman, je connaîtrai personne! - Arrête, tu vas te faire des amis super vite! - Qui? - Je sais pas moi... Un Steven peut-être? - Qu’est-ce que ça veut dire Steven, han?! Je le sais même pas! » Le premier matin s’est bien passé.

À l'accueil, ils ont dit « Hi! How old are you? » Mon fils n’a rien compris, mais il a arboré le plus beau des sourires en guise de réponse. Je me suis dit « Attaboy, That’s the spirit! »
 
Je suis partie en disant au moniteur de ne pas trop lui parler en français « because he’s here to learn, you know. » Ça m’a pris tout mon petit change : comme si j’avais dit  « Prenez-en pas trop soin. » Je suis retournée à ma voiture et, oui, j'ai un peu braillé, mais j'avais quand même le sentiment du devoir accompli. 
 
Est-ce important pour vous que vos enfants apprennent l’anglais? Comment l'avez-vous appris vous?