Est-ce que ça existe le bon moment pour avoir un enfant? Parce que moi, j'ai l'impression qu'il faudrait que j'attende toute une vie pour que toutes les supposées conditions idéales soient enfin réunies. Et rendue là, j'ai bien peur que mon utérus se soit ratatiné comme un raisin sec oublié sur le comptoir lors de la préparation d'un pudding au pain (le pauvre).

T'sais, je suis encore étudiante (je vais entamer ma dernière année de bac à l'automne), j'habite dans un appart, au troisième étage et le « boutte du boutte » : je n'ai pas de baignoire. Ça vous laisse donc imaginer toute l'ampleur de ma salle de bain.


Crédit : Valérie Longpré
 

Je n'ai pas de maison en campagne où pourrait courir, dans les prés, mon enfant nu comme un ver, t'sais les fesses à l'air, les cheveux dans le vent pis toute. À la place, j'ai une cour en bitume, même pas à moi, une ruelle où se battent les matous seniors de Verdun pour gagner la plus belle minette du coin.

Je n'ai pas non plus de boulot sérieux où je travaille depuis des années et qui m'offre un salaire super compétitif. Je travaille seulement depuis deux semaines dans une maison des jeunes et à défaut de pouvoir me payer une voiture de luxe, je suis capable de mettre du gaz dans mon char. C'est déjà pas pire.

Si j'avais quinze ans de moins et que je tombais enceinte, je pourrais postuler à  l'émission des jeunes mères enceintes (presque) tellement je n'ai pas grand-chose dans la vie. Mais attendez, ce que j'ai en revanche, ça ne se compte pas. C'est comme les petits brillants dans les bouteilles de scrapbooking, le glitter dans les tubes de colle oldschool qui était tellement cheap qui séchait en moins de deux, le nombre d'étoiles que tu comptes et dont tu perds le fil parce qu'y'en a juste trop dans le ciel du mois d'août.

(C'est à partir d'ici que le contenu cheesy entre en scène, tenez-vous-le pour dit.)

T'sais, c'est tellement beau que j'ai de la misère à mettre des mots là-dessus. Parce que des tonnes d'autres, dont les plus grands, ont essayé avant moi. Que j'ai pleuré en les lisant, en imaginant, en espérant, en attendant que ça m'arrive, à moi, la petite Valérie de St-Gabriel-de-Brandon, la fille des cordonniers. Pis que comme des milliers, ça m'est finalement  arrivé quand je commençais à ne plus trop y croire, quand j'avais versé presque toutes les larmes de mon corps pour des pas fins.

C'est comme un cheveu sur la soupe qu'il est tombé dans mon existence, l'homme de ma vie, le gars avec qui je voudrais faire des p'tits, le plus doux des doux. Ce qu'on se bâtit ensemble c'est comme un château fort, mais pas comme ceux des vedettes d'Hollywood rempli de bling bling. C'est plus comme un petit cocon, avec des lumières de Noël qui flashent et qui illuminent notre amour. On est together (avec les trois chats) pis on s'aime et ça, ça devrait être bien suffisant pour faire des enfants.

Crédit : Valérie Longpré

Avez-vous attendu que toutes les conditions soient réunies avant de faire des bébés ou vous vous êtes lancés, sans trop attendre que tout soit parfait, calculé, planifié?