J’aime les mots. Je porte une attention particulière à l’étymologie (l’origine des mots). Et j’ai épousé une personne aussi étrange que moi. Une chance, parce que j’ai tendance à reprendre à voix haute les animateurs de radio. Tout ça pour vous dire que j’accorde une importance particulière aux mots.
 
Depuis la naissance de mes enfants, on se réfère à moi comme « maman » ou « la maman
de ». Arrêtez! Maman est une locution enfantine. J’ai l’impression d’être infantilisée comme les secrétaires dans Mad Men. « Chérie/beauté, tu peux m’apporter un café? » Je suis une mère. Point. Mes enfants sont les seuls qui ont le droit de m’appeler maman. Ainsi que les jeunes enfants pour qui toutes les femmes sont des mamans et tous les hommes sont des papas.
 
Passons à l’expression « maman à la maison ». Mes enfants ne vont pas à la garderie et n’ont pas de nanny. Techniquement, je passe mes journées à la maison et je suis une mère. Je devrais assumer ma fonction de maman à la maison, mais je n’y parviens pas. En partie parce qu’elle sous-entend que je ne travaille pas. Je suis artiste. Ça implique que je travaille parfois longtemps sur un projet avant qu’il me rapporte de l’argent — quand il en rapporte.

 
Juste parce que je l'aime trop Cameron, le meilleur papa à la maison.
Crédit : Modern Family/abc

Pourquoi cette expression m’irrite-t-elle alors? Parce qu’en sourdine dans ma tête j’entends : « Tu fais du bricolage avec des paillettes et t’écoutes la télévision. » Avec un ton condescendant. Je n’aime pas bricoler avec les enfants et on n’a pas la télé (mais pour toutes celles qui aiment ça : go!). Et il y a l’image collective de la maman à la maison qui m’agace. Quelque part entre la mère au foyer des années 50 qui s'occupe de la maisonnée avec leur belle robe et Passe-Partout qui danse en chantant.
 

Je suis toujours aussi bien mise lorsque je prépare 72 pancakes pour mon mari et mes enfants.
Crédit : Pleasantville (Gary Ross, 1998)

L’idée d’enfermement (rester à la maison) m’exaspère aussi. Comme si le monde ne m’était plus accessible. Je m’occupe de mes enfants, mon cerveau rétrécit.
 
Il y a des élections. Ah, oui? Attendez que je demande à mon mari pour qui je dois voter.
 
- Chéri, c’est qui le monsieur qui nous a envoyé un chèque pour les enfants le mois passé?
 
Petit aparté ici. Quand je tombe sur des entrevues avec une « maman à la maison » qui, dans les faits, travaille à partir de la maison pendant que ses enfants sont à la garderie, j’ai envie de hurler encore plus fort. Même si c'est un pléonasme.
 
Je déteste tellement ces termes qu’un jour, me faisant demander par le service à la clientèle de ma banque mon occupation, j’ai répondu « ménagère ». Silence sur la ligne. Que j’aurais aimé voir son expression! Les mamans à la maison doivent cocher la case « sans-emploi » sur les formulaires. Et pour les artistes, il doit bien y avoir une case B.S. de luxe quelque part. Attendez, je la cherche.
 
Il y a des termes liés à la maternité qui vous donne aussi envie de hurler?