Je me souviens encore lorsque ma mère, durant mon adolescence, me cassait les oreilles tentait parfois de me résonner en répétant cette phrase : « Tu verras, quand tu seras maman, tu auras des raisons de t’inquiéter, tout comme moi! » Au fond de moi-même, je soupçonnais qu’elle avait probablement raison. Moi, ce paquet de nerfs déjà très maternel avec mon entourage, je me voyais déjà couver mes futurs enfants d’une intensité un peu maladive.
 
Dès les premiers problèmes de santé détectés chez bébé, au moment de ma grossesse, une peur a surgi en moi : et si j’en venais à trop protéger cet enfant malade? Est-ce que, par mes agissements de surprotection, ce bébé comprendra sa différence face à autrui? En sera-t-il stigmatisé?
 
Comme un cœur de maman fait bien les choses, le mien a décidé de m’épargner un peu. Sachant que nous allions faire face à des montagnes russes d’émotions, lui et moi, il s’est muni d’une petite carapace. Aussi étrange que cela puisse paraître, cette carapace m’a permis de préserver ma santé, tant mentale que physique, pour que je puisse aller chercher l’énergie et la force nécessaires afin d’affronter la tempête dans laquelle nous venions tout juste de mettre pied.
 
Plus les diagnostics se précisaient, moins je réagissais. Non pas parce que je n’étais pas touchée par la situation. Au contraire. Plus l’angoisse de l’inconnu m’envahissait, plus une maturité prenait place en moi. Comme si, inconsciemment, mon corps se préparait à mener la dure bataille qui nous attendait sans même savoir ce qui nous attendait réellement.
 
Suite aux inquiétudes vécues lors des premiers mois de vie de bébé, je suis devenue peu à peu immunisée contre les moments superflus de stress. Ces moments pour lesquels je ne dépense plus d’énergie. Une petite chute? Une journée d’enfer sans sieste? Une grève de la faim? Ça arrive. Et ça continuera d’arriver, que j’en fasse une énorme montagne ou non.
 
Je ne me suis jamais permis d’éprouver de la pitié envers mon garçon. Je n’ai guère laissé mes proches en démontrer aussi. Suis-je une sans-cœur pour autant? Pas du tout! Au risque de me répéter, un enfant malade est beaucoup plus fort qu’il ne le paraît. Souvent, les plus grandes leçons de courage nous sont données par ceux-ci.
 
S’il y a bien une chose, par contre, dont ma petite carapace ne m’a pas protégée, c’est tout l’amour que j’ai pour mon fils. Un amour inconditionnel, incomparable, imprononçable. Un amour qui noue la gorge quand on tente de le nommer. Un amour qui me ferait déplacer des montagnes lorsqu’il est menacé.
 
Vous est-il arrivé de vous tromper dans vos attentes en tant que futurs parents?