À la minute où l'on voit la petite ligne rose, on commence à s'inquiéter. Va-t-il être en bonne santé? Grossit-il comme il faut? Est-ce qu'il a tous ses morceaux? On s'inquiète de ne pas le sentir bouger. On arrête de respirer à la minute où son petit cœur décélère alors que LA rencontre est imminente.

S'en suit une série de petites et grandes inquiétudes sur le développement et le bien-être de nos tout-petits. On se fie sur notre bon jugement, on se compare parfois souvent, on lit, on se renseigne.

Mais avant tout, il y a notre instinct. Celui qui nous permet de mettre au monde notre 8e merveille. Celui qui fait qu'on se réveille la nuit. Celui qui nous pousse à nous surpasser et à aimer comme si demain n'existait pas.

Mon mini a maintenant deux ans passés et j'avoue que je crains un petit retard de langage. Rien qui ne m'inquiète trop, mais juste assez pour faire une demande de référence en orthophonie au CLSC. Verdict : 18 à 24 mois d'attente, m'a-t-on dit. C'est un peu long quand tu t'inquiètes.

Sauf qu'on fait partie des chanceux. Ceux qui ont un enfant en bonne santé, qui se développe en grande majorité selon la fameuse « norme. » Nous ne sommes jamais allés à l'urgence et à part quelques gastros récalcitrantes, je dois dire qu'on s'en sort très bien.

Ce n'est pas le cas de tous. Des fois, on s'insurge contre le système de santé et des fois on le remercie d'avoir cette qualité de service. Pour une fois, j'avais le goût de vous parler de ce qui se fait de bien, de beau pour aider les enfants différents ainsi que leurs familles.

L'histoire que je vais vous partager est celle de mon amie Lydia et de son fils Gabriel. Lydia est maman de deux beaux enfants de 7 et 3 ans.

Ça faisait quelques semaines que Gabriel était là et déjà, elle était en mesure d'observer de grandes différences entre ses enfants. Il était curieux, très éveillé et avait toujours des besoins intenses. Elle était la seule à pouvoir le bercer, le réconforter. Il dormait mal, semblait toujours inconfortable. Il a commencé à ramper très tôt et à 10 mois il courrait. Il se mettait toujours dans des situations dangereuses. Il n'écoutait pas les consignes et était capable des pires bêtises! Sa technique : se lever tôt et profiter du fait que la maisonnée soit endormie. Il s'est couvert de beurre, a renversé de la farine partout, s'est dessiné sur tout le corps et sur les murs. Rien qu'à l'imaginer, je suis essoufflée.

Gabriel et ses coquineries
Crédit : Lydia Richard

 

Elle a tout essayé, peu importe le type de surveillance, les conséquences, les retraits, les interventions : il recommence encore et encore.

Gabriel n'est pas juste une petite tornade, il est aussi et surtout très sociable. Partout où il va, il cherche l'attention des inconnus, leur parle, se renseigne sur qui ils sont et sur ce qu'ils font. De quoi faire fondre la plupart des passants.

Il a besoin de bouger, il gigote tout le temps. Tellement qu'il se cogne régulièrement. Tout ça sans prendre conscience de ses gestes et de son environnement, comme devrait le faire un enfant de son âge.

Il a la chance d'avoir une éducatrice en or au CPE. Une personne qui comprend ses besoins et qui s'ajuste au fur et à mesure de sa créativité. Parce que oui, il a aussi un imaginaire débordant. Se conformer? Ce n'est pas pour lui. Si bien que si on lui demande de dessiner sa maison, lui décide que ce sera des dinosaures. Lorsqu'il explique son dessin à maman le soir, ce n'est ni une maison, ni des dinosaures, ce sont des aigles! Un vrai artiste en herbe! Un artiste hypersensible. Il s'inquiète pour les autres et veille à ce que tout le monde aille bien.

Maman est fatiguée, souvent. Inquiète parfois. Touchée par le regard des autres. Pas pour elle. Pour son petit. Son petit qui ira bientôt à l'école. Là où l'on doit se conformer, se concentrer et performer.

Parce qu'elle sait que Gabriel est « hors norme » et que ses besoins sont différents, parce qu'elle a senti rapidement le fossé se créer. Parce qu'elle connaît son fils et qu'elle sait qu'il devra bientôt faire face à la musique, elle a décidé de l'accompagner, de trouver de l'aide afin de lui permettre d'être heureux comme n'importe quel autre petit de son âge. Elle a trouvé un endroit où on les comprend et où on leur a promis de les soutenir.

À suivre.