Qu'est-ce qui fait triper vos enfants ces temps-ci? Les nombrils? Jessie Elliott? Léon? Je suis toujours flabbergastée devant l'abondance de livres jeunesse conçus chez nous.

Mais, au Québec, il fut une époque malheureusement pas si lointaine, où, comme dit Jacques Godbout « les bibliothèques publiques pauvres et rares, le contrôle ecclésial de l'édition et de la librairie, comme de la censure des spectacles et du cinéma, n'encourageaient que l'ignorance crasse. » 
 
J'ai trouvé dans ma collection de vieilles mardes de livres anciens, l'ouvrage pour enfants Aux fillettes canadiennes qui date d’avant la Deuxième Guerre mondiale (1931), mais dont les extraits que j'ai colligés évoquent à merveille ce qu’on a qualifié au Québec de Grande Noirceur.

Voici donc, pour votre plaisir : l’histoire de Miette.
 
La petite Miette (ça s'invente pas) habitait le Moulin des fleurs. Elle aimait mettre des fleurs dans ses cheveux et les gens lui disaient : « Oh que tu es jolie petite Miette […] Ces compliments la rendaient fière et orgueilleuse. […] Pour corriger la petite orgueilleuse, le Bon Dieu se servit de l’épreuve; l’infaillible remède des maladies morales causées par de tristes défauts. La main divine creusa dans ce cœur d’enfant le large sillon de la douleur afin d’atteindre la racine du mal. »

BEN VOYONS.
 

Crédit : Marie-Catherine Lapointe
 

Dieu, qui ne niaisait pas avec avec la puck dans ce temps-là, fit tomber malade son père qui mourut dans d’atroces souffrances, sa mère perdit la maison, dut travailler et la petite Miette dut s’occuper de toutes les dures besognes ménagères.
 
Mais, c’était pour son bien rassurez-vous, parce que « l’heureux changement se produisit. Miette retrouva sa gaieté! […] L’épreuve avait vaincu l’orgueil de Miette et l’avait arrachée au plus terrible ennemi de son bonheur terrestre. Notre héroïne devint une douce jeune fille que le fils du meunier choisit pour compagne et qui fut plus tard la reine du Moulin des fleurs! »
 
Intégration des savoirs :
Qu’est-ce qui va arriver si tu es orgueilleuse? DIEU VA TUER TON PAPA.
 
Une autre pour la route?
 
L’histoire d’Adrienne.
 
« Adrienne était une jolie fillette de 12 ans. […] Mais, Adrienne était prompte comme la foudre. […] Une simple bagatelle amenait une tempête ce qui affligeait profondément ses parents. […] Le père d’Adrienne avait loué pour l’été une jolie maison au bord d’une rivière. […] Cueillant des petits fruits elle n’avait pas vu le ciel s’obscurcir ni entendu les lointains grognements du tonnerre. […] Des éclairs sillonnaient le ciel, la pluie tombait à torrents. »
 
Quand elle rentra, elle s’évanouit et tomba gravement malade. Quand, par les tendres soins de sa douce maman, « la petite fille retrouva sa gaieté et ses forces » elle retrouva son vilain défaut. Vous pensiez que la tempête l’avait guérie han?! Nenon : « Ne voulant plus prendre son remède […] Adrienne repoussa si brusquement la main maternelle que le contenu se répandit sur son visage et jusque dans ses yeux. Adrienne était à jamais aveugle. »

Crédit : Marie-Catherine Lapointe

Intégration des savoirs :
 « Petites filles et petits garçons enclins au défaut de cette pauvre fillette, n’oubliez pas son histoire. Qu’elle soit pour vous l’écho de votre conscience, dont la voix amie ne se lasse jamais de vous avertir. […] Le malheur d’Adrienne pourrait devenir le vôtre, si vous abusez des bienfaits de Dieu et des bontés de vos parents. » #CQFD
 
Si vous êtes sages, la prochaine fois je vous raconterai l’histoire de Flore qui était égoïste, et qui pendant un orage courut, laissant derrière sa jeune voisine qui tomba dans un fossé et devint handicapée à vie, mais qui finit par comprendre « la belle loi d’amour qui enseigne l’abnégation, cette charité spontanée qui comprend que notre bonheur n’est que le reflet de celui que nous savons donner aux autres. »
 
Mais pour vous dire franchement, à choisir, je préfère l’œuvre d’Élise Gravel. Et vous?